A la recherche de «l’Oiseau blanc»
Les deux aviateurs français, Charles Nungesser et son copilote François Coli, avaient décollé du Bourget au petit matin du 8 mai 1927, c'est-à-dire deux semaines avant la traversée sans escale réussie de Lindbergh, pour tenter de rejoindre New York. Nungesser et Coli n'étant jamais arrivés à destination, et aucune trace de leur avion n'ayant été retrouvée, cette tentative a toujours été considérée comme un échec.
Deux hommes, le publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet et le journaliste Marcel Julian, ont été les premiers à envisager une autre thèse : « l'Oiseau Blanc » – nom de l'avion de Nungesser et Coli – aurait bel et bien traversé l'Atlantique, mais aurait disparu en mer avant d'atteindre New-York.
Des indices concordants
Créateur du Tour de France à la Voile et féru d'aviation, Bernard Decré s'est pris d'une véritable passion pour élucider ce mystère. Depuis six ans, il réalise une enquête très fouillée. « J'ai déjà recueilli une trentaine d'indices concordants qui laissent penser que l'Oiseau blanc aurait bien traversé l'Atlantique, indique-t-il. À commencer par le témoignage du pêcheur Pierre-Marie le Chevalier, qui naviguait dans la zone le matin du 9 mai 1927 et a raconté avoir perçu très clairement le bruit d'un avion et d'un crash suivis de cris. Autre pièce à conviction : un télégramme des garde-côtes américains, daté du 18 août 1927, dans lequel ils déclarent à leur hiérarchie que deux ailes reliées ont été retrouvées à 300 km de New York et à 800 km de Saint-Pierre-et-Miquelon, émettant clairement l'hypothèse que ces ailes pourraient être celles de l'aéronef français ! »
A la recherche du moteur perdu
Mais pour prouver de façon irréfutable que les deux pilotes français ont effectivement franchi l'Atlantique, il faut des preuves matérielles, c'est-à-dire retrouver un morceau de l'épave. En l'occurrence, le moteur, seule pièce capable de résister à une si longue immersion. Il s'agit d'un Lorraine–Dietrich, entreprise reprise en 1941 par la Société des moteurs Gnome et Rhône. Nationalisée en 1945, celle-ci formera la Société Nationale d'Etude et de Construction de Moteurs d'Aviation (Snecma) qui deviendra en 2005 le groupe Safran.
Une campagne cruciale
Le périmètre dans lequel se trouvait Pierre-Marie Le Chevalier le matin du 9 mai a déjà été exploré à trois reprises sans résultat, mais les recherches vont reprendre au printemps prochain pour une campagne de trois semaines, au large de Saint-Pierre-et-Miquelon. « Notre vocation est de préparer l'avenir plutôt que de participer à la recherche du passé, mais on ne peut être sûr de son avenir que si l'on est fier de son histoire, », rappelle Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran, revenant sur les raisons du soutien de Safran à ce projet. « En plus de son appui financier, nous essayons de voir dans quelle mesure le savoir-faire technologique de Safran pourrait aussi contribuer à retrouver le moteur de l'Oiseau Blanc », précise Bernard Decré.
En savoir plus : http://loiseaublanc.over-blog.com