Le site Safran Nacelles de Colomiers fête ses 30 ans
Spécialisé dans l’intégration des nacelles, le site Safran Nacelles de Colomiers (près de Toulouse en France) fête cette année ses 30 ans. De la modeste usine des années 1990 au cœur battant des activités d'intégration de Safran Nacelles, retour sur trois décennies d’histoire et d’excellence industrielle.
Salariés, salariés à la retraite, partenaires et leur famille… Ils étaient plus de 500 à s’être réunis, le 16 septembre dernier, pour célébrer le 30e anniversaire du site Safran Nacelles de Colomiers. L’occasion d’évoquer, avec fierté et émotion, les grands jalons qui ont marqué l’épopée de cet établissement devenu le centre névralgique du réseau d’intégration [voir encadré] de Safran Nacelles à travers le monde.
Première société européenne d’intégration de nacelles
Les plus anciens ont connu l’entreprise à sa création, en 1993. Codétenue par Hurel-Dubois(1) et Shorts Bombardier(2), elle s’appelait alors SINT (Société Internationale de Nacelles Toulouse) et se dédiait au programme Airbus A330 motorisé par les moteurs Trent 700 de Rolls-Royce. Première société européenne d’intégration de nacelles, elle ambitionnait de concurrencer le site voisin de Rohr Industrie (aujourd’hui Collins Aerospace), positionné sur plusieurs programmes d’avions motorisés par GE et Pratt & Whitney. Le choix du site de Colomiers ne devait rien au hasard, puisqu’il répondait à un objectif stratégique de proximité immédiate avec la ligne d’assemblage final d’Airbus, implantée dans la commune.
Un démarrage progressif
Mais à l’époque, l’aviation civile était en difficulté depuis la Guerre du Golfe et les volumes de moteurs Trent 700 étaient limités. La quinzaine de salariés que comptait alors SINT (mécaniciens, peintres, ajusteurs, opérateur de maintenance…) dut s’armer de patience… et de polyvalence ! « Entre 1995-1996, la société s’est battu pour décrocher des contrats et faire rentrer de la charge, notamment en nous ramenant un nouveau programme – le BR710 de BMW-Rolls-Royce destiné à motoriser un avion d’affaires – mais également des tâches autres que de l’intégration », se souvient Christine Miatto, recrutée en 1994 et aujourd’hui responsable Moyens généraux et patrimoine. « Je pouvais être amené à partir au pied levé changer une nacelle au Canada, raconte quant à lui Patrice Chantal, embauché en 1995 en tant que mécanicien et aujourd’hui responsable Méthodes industrielles et Maintenance. Nous ne comptions pas nos heures, mais il y avait une bonne ambiance et nous étions soudés. Cette entreprise était la nôtre… notre survie dépendait de sa survie ! »
Montée en puissance
Enfin, au début des années 2000, leur persévérance fut récompensée. Avec l’arrivée du programme A340, Safran Nacelles développa et produisit pour la première fois une nacelle complète et en confia l’intégration au site de Colomiers. Les volumes augmentèrent, et ce d’autant que l’appareil était un quadriréacteur à la différence de l’A330. Puis, Safran Nacelles remporta de nouveaux contrats avec l’A318 et, quelques années plus tard, le majestueux A380, pour lequel le site de Colomiers intégrait les nacelles des deux motorisations. L’intégration des nacelles du Flacon 7X de Dassault Aviation suivit de peu. Enfin, les programmes A320neo (équipé des moteurs LEAP-1A) et A330neo firent augmenter très significativement les volumes d’intégration des nacelles au milieu de la décennie suivante. Battant des records de commandes (et de cadences de livraison !), ils achevèrent de confirmer la vocation et l’excellence du site de Colomiers, qui se transforma pour faire face à ce défi historique.
Une usine agile
Ce n’était pas la première fois que l’usine s’adaptait à son environnement. Déjà, à l’arrivée des nacelles de l’A380, il avait fallu édifier un bâtiment supplémentaire et construire des cabines de peinture plus spacieuses. Pour les programmes nacelles A320neo et A330neo, l’outil industriel complet ainsi que les façons de travailler furent repensés pour tenir les fortes cadences sans étendre davantage les bâtiments.
À l’origine de cette transformation, l’inspiration du Lean Manufacturing. Cette méthode d’optimisation de la performance industrielle conduisit le site de Colomiers à créer en 2012, dans la plus grande confidentialité, une cellule prototype composée de quatre personnes pour mettre au point deux outillages brevetés Safran(3). Ces derniers devinrent plus tard le « Smart trolley moteur », une plateforme permettant de transporter les moteurs, et le « Smart trolley nacelle », pour le transport des composants de la nacelle. Et ce, tout au long du processus d’intégration : assemblage des équipements moteurs et des composants de la nacelle (entrée d’air, capot moteur, inverseur de poussée et tuyère d’échappement), peinture, réception par Airbus et les compagnies aériennes, puis livraison à la ligne d’assemblage final d’Airbus et support à l’intégration sous l'aile. « Grâce au Smart trolley, ce n’est plus l’opérateur qui s’adapte à l’outil industriel mais l’inverse, résume Patrice Chantal. Le Smart trolley monte, descend, tourne à 360°… Il peut même “discuter” avec les robots de peinture pour pivoter automatiquement ! Une vraie révolution. » Aujourd’hui, les Smart trolleys sont également utilisés sur les sites d’intégration de Safran Nacelles à Hambourg (Allemagne) et à Tianjin (Chine).
Autres grandes ruptures technologiques : en 2011, le premier test d’application de peinture robotisée, puis en juin 2016 la première application de peinture robotisée sur un Smart trolley nacelle et le premier séchage infrarouge. « Nous sommes actuellement la seule entreprise à peindre et poncer au robot et/ou au cobot(4) », indique Patrice Chantal.
Vitrine industrielle
Le site de Colomiers compte à présent près de 280 salariés et occupe une surface bâtie de 20 000 m² sur une parcelle de 55 000 m². « L’optimisation de l’outil de production n’a pas été le seul moteur de l’évolution du site. Les préoccupations de santé-sécurité-environnement ont également été prises en compte. L’agencement des bâtiments existants a ainsi été modifié pour que le cloisonnement, les flux industriels et la circulation des piétons répondent aux mêmes mots d’ordre : fluidité, efficacité, sécurité », explique Christine Miatto.
L’établissement abrite aussi deux écoles de formation interne : l’une dédiée à la peinture, l’autre aux opérations mécaniques (assemblage, ajustage…). « La peinture est une opération complexe, explique Patrice Chantal. Beaucoup d’opérateurs actuels étaient issus du secteur automobile, mais n’avaient pas l’expérience des procédés spéciaux que requiert la peinture sur des matériaux composites. Ils ont été tutorés par les plus anciens, qui leur ont transmis leur savoir-faire. » Par ailleurs, lors de la création des autres sites d’intégration de Safran Nacelles, les équipes de Colomiers sont intervenues pour former et accompagner leurs nouveaux collègues.
Fort de ses 30 ans d’existence, le site de Colomiers n’en est pas moins tourné vers l’avenir. Sécurité des opérations, ergonomie du poste de travail, réduction de la consommation énergétique… sont autant de défis d’aujourd’hui et de demain. Sans oublier de prochains contrats que les équipes espèrent bien remporter !
(1) L’une des sociétés à l’origine de Safran Nacelles, rachetée par Snecma en 2000.
(2) Entreprise britannique basée en Irlande du Nord.
(3) Patrice Chantal, membre de la cellule, est rédacteur ou co-rédacteur de ces brevets.
(4) Robot collaboratif.
L’intégration, un concentré de savoir-faire
L’intégration des ensembles propulsifs est une étape clé dans la chaîne logistique de l’avionneur. Voici comment elle se déroule…
Safran Nacelles réceptionne les moteurs sur lesquels sont montés les derniers équipements (plusieurs centaines de pièces, dont les harnais électriques ainsi que les conduits d’alimentation hydrauliques et pneumatiques) et la tuyère d’échappement. En parallèle, tous les composants nacelle – entrée d’air, capot moteur et inverseur de poussée – sont peints aux couleurs des compagnies aériennes.
L’avionneur et les compagnies aériennes récipiendaires se rendent alors sur le site d’intégration pour réceptionner leurs ensembles propulsifs, qui sont ensuite livrés à la ligne d’assemblage final (FAL) où des équipes Safran Nacelles accompagnent l’avionneur pour intégrer les moteurs et les nacelles sous l’aile de l’avion.
En confiant l’intégration d’ensembles propulsifs à Safran Nacelles, l’avionneur est assuré d’avoir un ensemble complet à proximité de ses FAL, prêt pour l’utilisation !
La peinture, un métier haut en couleurs
Ultime étape avant l’intégration finale, la peinture des nacelles requiert autant de savoir-faire que de précision.
Après avoir vérifié l’assemblage afin de garantir la qualité des logos traversants, la première étape consiste à masquer les zones qui ne seront pas peintes. Puis, un robot de ponçage prend le relais. Il permet de poncer environ 90 % de la nacelle, réduisant ainsi la pénibilité du travail des opérateurs. Viennent ensuite les applications de peinture. Là encore, les robots facilitent la tâche des opérateurs. Mais le savoir-faire de ces derniers reste indispensable ! C’est pourquoi chaque nouveau peintre – même expérimenté – passe par une phase de formation interne avec des opérateurs confirmés.
Vient enfin la réalisation du logo, élément de différenciation pour les compagnies aériennes et objet de toutes les attentions chez Safran Nacelles. Selon le niveau de complexité (certains logos peuvent comporter une dizaine de couleurs), cette opération prend entre un jour et une semaine. Enfin, on vérifie la conformité de la nacelle vis-à-vis de critères bien spécifiques : épaisseur, adhérence, brillance, aspect “peau d’orange”, coulures, infiltrations, etc. Ce n’est qu’une fois ces critères validés que la nacelle pourra être présentée au client.
- Les cartes sont disponibles sous la licence Open Database Licence.
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- © Philippe Stroppa / Safran
- © Adrien Daste / Safran
- © Thierry Schneider / Safran
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