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Semaine pour l'emploi des personnes handicapées : l'expo à ne pas manquer !

Responsabilité Sociétale de l'Entreprise

La Semaine Européenne pour l'Emploi des Personnes Handicapées débute aujourd'hui. A cette occasion, 6 de nos collaborateurs nous confient leur témoignage de vie avec leur handicap.

handicap

Une personne sur cinq est touchée par le handicap en France*. Une réalité dont il est bien difficile de se rendre compte tant il existe de formes différentes du handicap. De naissance, accidentel, dû à une maladie invalidante, visible ou non : le handicap est présent dans notre entourage sans que nous nous en rendions nécessairement compte, ou sans que nous percevions réellement ce que cela implique pour les personnes concernées et pour leurs proches.

Dans le cadre de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH), qui se déroule du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2022, Safran a choisi d’organiser dans une trentaine de ses sites en France une exposition qui recueille les témoignages de plusieurs collaborateurs qui vivent avec un handicap. Loin de prétendre résumer toute leur vie personnelle et professionnelle, ces portraits permettent néanmoins de toucher du doigt les combats menés pour y faire face tous les jours, mais aussi les forces nouvelles qui se révèlent. Ils mettent également l’accent sur l’importance du soutien des proches et le poids du regard de ceux qui partagent leur quotidien.

Notre regard en tant que collègue n’est pas toujours facile à ajuster et le chemin est encore long pour faire évoluer les représentations liées au handicap, et contribuer ainsi à soulager ceux qui le portent. Ces témoignages, livrés avec beaucoup de sincérité, sont peut-être un nouveau moyen pour nous tous de voir ce que nous pourrions changer afin d’apporter notre pierre à l’édifice.

 

*en prenant en compte les cinq catégories de handicap distinguées par l'Organisation Mondiale de la Santé : handicap moteur, mental, sensoriel, psychique et maladies invalidantes.

Témoignage de Mickaël

Portrait de Mickaël, Inspecteur Qualité aube

À l’instar de son père, Mickaël a toujours voulu servir son pays en intégrant l’armée. Faisant partie de la dernière génération des appelés, il rejoint le service national français en tant que parachutiste. Il est envoyé en mission en ex-Yougoslavie. « J’ai connu la guerre, c’était une période terrible. » Durant ses 12 années dans l’armée, Mickaël exerce différentes fonctions : instructeur commando, chuteur opérationnel, tireur d’élite. De retour à la vie civile, il se spécialise dans la sécurité et a pour mission de protéger les parlementaires à Luxembourg Ville au Parlement européen.

En 2010, Mickaël est victime d’un accident et manque de perdre la vie. Après de nombreux mois d’hospitalisation pour soigner ses blessures et près de deux ans de rééducation, le diagnostic tombe : perte de mobilité dans la jambe droite et perte de motricité dans l’autre jambe du fait de la surcompensation. S’ensuit un long parcours du combattant pour retrouver un peu de motricité avec une série d’opérations et huit années de kinésithérapie. Malgré tout, certaines activités lui sont désormais interdites telles que le rugby et le saut en parachute, mais il s’ouvre à la natation et au vélo.

Loin de se laisser abattre, Mickaël reprend une formation de technicien Production industrielle en France. « C’était difficile de renouer avec les études. Il y a de nombreux cours, le stage, et les examens. » Il continue malgré tout en suivant une autre formation dans l’aéronautique et rejoint Safran. « C’était mon objectif ! » Il travaille au départ sur les bords d’attaque, une mission qui lui plaît beaucoup. Malheureusement, une nouvelle opération des genoux viendra changer la donne. Après le passage au bloc, Mickaël a des difficultés pour rester debout. Il change alors de poste pour devenir inspecteur Qualité ce qui lui permet d’être « assis 75 % du temps ». Il bénéficie en plus d’un aménagement spécifique pour soulager ses douleurs : un siège ergonomique et un repose-pieds qui permet de surélever sa jambe et d’éviter certains fourmillements. Cependant, Mickaël souhaiterait bénéficier d’un meilleur accompagnement pour évoluer dans sa carrière, à travers des formations notamment. 

Très engagé au bureau pour exercer ses missions, Mickaël l’est aussi à la ville en tant que conseiller municipal, secrétaire de l’Union nationale des parachutistes de la Meuse, réserviste dans l’armée et représentant des anciens combattants dans son département. Membre de la cellule handicap de la Meuse, Mickaël admet bien sûr qu’un handicap bouscule une vie. « Tout change, physiquement et moralement. Mais il ne faut pas s’arrêter à ça. En allant de l’avant, on ne peut que s’améliorer. »

Mickaël est inspecteur Qualité aube chez Safran Aero Composites.

Témoignage de Jennifer

Portrait de Jennifer, Ingénieur Qualité Système

Jennifer a mené son parcours étudiant et professionnel tambour battant. DEUG en sciences de la vie, maîtrise des sciences et techniques de l’environnement, alternance chez Veolia pour obtenir un DU de gestion des services urbains et enfin, quelques années, plus tard un mastère en management de la qualité dans le cadre d’une reconversion professionnelle. « Après 15 ans chez Veolia au traitement des déchets et à la formation, j’ai fait un bilan de compétences et les métiers de la qualité sont ressortis. » Jennifer change donc de voie et intègre Safran après un stage. Elle choisit le CDD dans une région inconnue contre le CDI qui l’attendait chez Veolia. « J’ai pris un risque, c’est vrai, mais cela m’intéressait vraiment. »

Et Jennifer a accompli tout cela avec un seul œil. Ou plutôt avec un seul œil qui voit. La faute à un angiome tubéreux de naissance. Un handicap presque invisible aujourd’hui notamment grâce à deux opérations, l’une avant ses deux ans et l’autre à l’adolescence. « Ce second passage au bloc a rééquilibré l’alignement entre mes deux yeux. Mais avant cela, il y a eu la cour de récréation et son lot de moqueries difficiles à essuyer, ainsi que les regards fixes de ceux qui me trouvaient différente. Il a pu y avoir des remarques très rares dans le passé, sur mon aménagement de bureau, mais c’était sur le ton de la blague parce que les gens oubliaient. Je ne leur en veux pas. »

Un aménagement qui est arrivé après une démarche RQTH* pas si facile à enclencher. « Je me disais que je n’étais pas si gênée, j’avais l’impression que j’allais voler la place de quelqu’un qui avait davantage besoin d’aide. » Après une discussion avec une psychologue et poussée par l’envie de protéger son « autre » œil, Jennifer se lance. Chez Safran, on lui propose plusieurs solutions : un clavier avec de grosses touches, des cloisons supplémentaires pour limiter la luminosité et donc les maux de têtes, un siège avec une têtière pour soulager sa nuque, … Au début, Jennifer refuse certains supports. « La personne qui m’a accompagnée était très bien et je vois aujourd’hui que ce qui a été mis en place m’apporte plus de confort. »

Un confort dont elle aimerait que toutes les personnes concernées par un handicap visible ou invisible puissent bénéficier. « C’est dur d’assumer la démarche car on ne veut pas se sentir étiqueté mais cela fait aussi du bien d’en parler. Et pour ma part, cela m’a permis d’affronter les difficultés avec volonté et force. »

Jennifer est ingénieure Qualité Système chez Safran Electrical Components.

*Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé

Témoignage de Julien

Portrait de Julien, Leader d’îlot cartes électroniques

« Il faut se dire que la vie peut basculer à tout instant et que, quoi qu’il arrive, il faudra avancer. » C’est bien la phrase que l’on retient lorsqu’on écoute Julien. À 28 ans, alors qu’il travaille dans le secteur du bâtiment, il heurte violemment un collègue qui porte un immense panneau. Il recevra le coin du panneau en pleine tête. Verdict : triple fracture des zygomatiques droits et tassement des cervicales. Un bilan clinique très douloureux qui fait craindre une paralysie en cas de choc supplémentaire. Julien est donc opéré. Après le passage au bloc, les douleurs sont moindres mais demeurent tout de même. Il faut renoncer au bâtiment et trouver une autre voie rapidement.

« C’était dur de repartir de zéro, j’étais heureux d’avoir gravi les échelons dans le bâtiment, d’être autonome mais je n’avais pas le choix, il fallait bien rebondir. » Après une phase d’intérim chez Safran Electrical & Power (Zodiac Aero Electric à l’époque), un passage à la concurrence et un retour en intérim, Julien décroche un CDI en tant que leader d’îlot. Même si ce poste est plus adapté à son handicap, Julien a quand même régulièrement des douleurs. « Le contrôle qu’on effectue au quotidien passe par une binoculaire, ce qui implique de se pencher sans arrêt. J’ai mal par périodes. » Mais selon Julien, ce type de travail peut être difficile pour tout le monde. Son handicap l’a manifestement rendu encore plus attentif aux besoins de ceux qui l’entourent et il est heureux de voir les améliorations apportées pour soulager l’ensemble des collaborateurs.

« Depuis quelques années, les choses ont bougé pour moi, avec une chaise adaptée et bientôt une caméra et un bureau spécial, et pour les autres aussi, les aménagements arrivent. C’est important de préserver tout le monde. » Reconnaissant pour les efforts faits afin de l’accompagner et pour la bienveillance de ses collègues, Julien fait aussi attention à lui au quotidien pour limiter les douleurs et se maintenir en forme. Il sait qu’une autre opération viendra sans doute un jour et qu’il n’est pas au bout du chemin. Sur ce chemin, Julien a bien compris la nécessité d’être soutenu. « Par défaut, on a envie de compter uniquement sur soi-même : c’est un vrai effort de demander de l’aide. Cela exige de penser autrement. »

Julien est Leader d’îlot cartes électroniques chez Safran Electrical & Power.

Témoignage de Marie-France

Portrait de Marie-France, Chargée d’affaires outillage SaM146 & CFM | LEDE

Avoir le souhait de tout contrôler est chose commune, réussir à faire taire d’immenses douleurs physiques pendant 20 ans est en revanche plutôt extraordinaire. C’est pourtant bien ce qui est arrivé à Marie-France. En 1996, elle slalome à skis avec des collègues et c’est l’accident. « Mon pied est arrivé au niveau de mon visage, ça surprend » Cinq ligaments du genou sectionnés, sept opérations en deux ans, des séances de kinésithérapie à répétition, de nombreuses complications…mais une douleur étouffée. « J’ai repris le travail rapidement, j’étais en mode warrior, mon cerveau avait le contrôle sur ma douleur. »

En 2017, nouveau choc. Marie-France fait un burn out. Avec lui, toutes les douleurs de l’accident remontent à la surface. Comme un terrible effet boomerang. « Toutes les sensations sont revenues, avec notamment comme une énorme sciatique à l’avant de la jambe. Au moins maintenant, je peux caractériser mes douleurs. Je sais quoi dire aux médecins. » Marie-France se passe quand même d’anti-douleurs, notamment pour éviter les allergies et la dépendance. Sans doute aussi parce qu’elle a développé une sacrée capacité de résistance. Elle prend soin d’elle autrement, par de l’ostéopathie, la sophrologie et la méditation, de l’auto-rééducation et en faisant appel à un coach sportif.

« Je faisais de l’escalade et de l’équitation, mais ce n’est plus possible à cause d’elle. » Elle, c’est sa jambe, celle qui va contre sa volonté de fer. Une mise à distance qui symbolise bien la difficulté à accepter la situation. Pour Marie-France, il ne s’agit pas d’un handicap, pas d’un vrai en tout cas, pas celui qui vous empêche d’être autonome au quotidien. « J’ai mis 20 ans à faire une démarche RQTH* et encore, c’était uniquement pour avoir une chaise adaptée. Chez moi, j’utilise une canne pour me soulager mais au travail, je n’ose pas. » Elle salue pourtant le soutien apporté en interne, à la fois par Safran avec l’aménagement de poste, la place réservée sur le parking, les aides de la mutuelle et par ses collègues qui sont particulièrement attentifs. « Mais même s’ils savent, je préfère jouer sur mon âge quand j’ai du mal à avancer, je dis qu’il faut attendre la grand-mère que je suis, c’est plus facile. »

Le plus difficile lorsque le handicap nous touche ce n’est pas le fait de s’adapter à cette nouvelle vie Mais le regard des autres sur nous qui deviens diffèrent. Un regard peut être plus douloureux que la douleur physique.

Marie-France se fait accompagner par une psychologue pour se reconstruire petit à petit et assumer davantage son état de santé. Témoigner via cette exposition fait aussi partie du processus.

Marie-France est chargée d’affaires outillage SaM146 & CFM | LEDE chez Safran Aircraft Engines.

*Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé

Témoignage de Charles

Portrait de Charles, comptable général

Si Charles a choisi la comptabilité après son baccalauréat, ce n’est pas dû au hasard. « Il fallait un travail où je puisse être assis et, comme mon papa était comptable, j’ai suivi ses traces. » Pourquoi un travail assis ? Parce que Charles est né avec une malformation congénitale qui a touché le côté supérieur gauche du corps. « Je n’ai pas de muscles à gauche : j’ai le poignet mais pas les doigts. » Durant son enfance et son adolescence au Togo, la prise en charge médicale est faible. Ce sont surtout ses parents qui donnent sans compter. « Ma maman a tout fait pour que je m’épanouisse et que je sois autonome. » Un accompagnement qui a porté ses fruits car Charles se sent aujourd’hui capable de franchir tous les obstacles.

« Je ne peux pas me dire que je ne vais pas y arriver. Quand mon médecin traitant a su que j’utilisais une voiture manuelle, il n’en revenait pas ! » Au travail aussi, Charles n’a pas d’aménagement spécifique. Il ne le souhaite pas. Pourtant, depuis son entrée chez Safran Electrical & Power en 2017, plusieurs outils lui ont été proposés. Mais pour Charles, ce serait un poids supplémentaire. « Je me sens déjà si différent depuis ma naissance, je ne me vois pas ajouter quelque chose de particulier alors je me débrouille pour faire comme les autres. »

Faire comme les autres devient néanmoins difficile quand d’intenses douleurs, notamment au dos, arrivent sans prévenir. « Je peux me retrouver arrêté du jour au lendemain parce que je suis complètement bloqué. » Seuls de puissants anti-douleurs parviennent alors à le soulager. Au bureau, Charles se livre très peu, seulement avec les collègues proches. « Je me sens bien accompagné par Safran et les aides financières sont importantes pour moi qui vit seul, mais je n’ai pas envie d’en parler beaucoup, je ne supporterais pas qu’on me voit comme une victime. »

Néanmoins, Charles pense que plus de personnes devraient faire la démarche RQTH* pour se sentir moins seules et pour que soit reconnus les efforts fournis au quotidien. « Quand on sait ce que les autres traversent, on peut agir en conséquence pour mieux travailler avec eux. » Sans pour autant en faire un sujet de conversation, là est toute la nuance. 

Charles est comptable général chez Safran Electrical & Power.

*Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé

Témoignage de Frédéric

Portrait de Frédéric, Responsable des standards de pilotage - coach référent QRQC SAE

Après une formation suivie à l’école Snecma de Corbeil, Frédéric reprend ses études en parallèle de ses activités professionnelles chez Safran jusqu’à l’obtention de son diplôme d’ingénieur en Génie mécanique. Il est aujourd’hui responsable des Standards de pilotage mais également coach référent QRQC pour Safran Aircraft Engines. Des fonctions où il apporte ses compétences dans le cadre de l’amélioration continue de la performance à tous les niveaux de l’entreprise, que ce soit en France ou à l’étranger.

Il y a quatre ans, un soir de Noël, sa vie bascule. Sans prévenir et sans signe avant-coureur, Frédéric ressent « une explosion de bruits et de sifflements qui ne viennent pas de l’extérieur ». Il a développé des acouphènes bilatéraux doublés d’une hyperacousie – une hypersensibilité au bruit. C’est le début d’une longue errance de souffrances. Et souffrir n’est pas un vain mot. « Il n’y a pas une heure, une minute, une seconde où je vis sans. Mon seul répit est le sommeil. » Stress, agressivité, besoin d’isolement, acceptation… Frédéric passe par de multiples étapes et comprend qu’il n’entendra plus le silence. Ce handicap invisible a bouleversé sa vie : plus de cinéma, de restaurant, de concert, de mariage, de réunion de famille… Il doit se concentrer sur la protection de ses oreilles en portant des prothèses auditives (perte d’audition accompagnant les acouphènes), des caques et autres bouchons sur mesure, ne serait-ce que pour se protéger des bruits des couverts dans les assiettes, de l’aspirateur, des outils de bricolage et de toutes les autres sources de bruits du quotidien. À la douleur perpétuelle s’ajoutent la peur de souffrir à chaque sortie, la tristesse de ne plus partager de moments conviviaux et l’immense fatigue ressentie au quotidien. « J’ai tout essayé pour apaiser mes douleurs : antidépresseurs, drogues douces mais également naturopathie, réflexologie, exercices de respiration, acupuncture, shiatsu… »

À la maison, il s’endort en écoutant de la musique ou des bruits blancs (ambiance sonore basée sur des bruits comme les vagues, la pluie, le vent entre autres …). Au bureau, afin de se protéger et de mieux entendre durant les réunions téléphoniques, il utilise un casque anti-bruit spécifique. Durant toute la journée, il utilise un poste de radio diffusant de la musique pour masquer et réduire un peu ses acouphènes. « Quand la musique est présente, je suis dans mon élément. Elle me calme et me détourne de ces sifflements permanents. » La mise en place du télétravail lui a également fait du bien mais son seul véritable remède est d’occuper son esprit, notamment grâce au bricolage. « J’ai une véritable passion pour la création et la réparation, c’est une forme de hobby que je pratique au quotidien (travaux maison, mécanique, travail du bois, électronique, …) et qui font que j’entends moins mes acouphènes pendant un temps. »

Frédéric est responsable des standards de pilotage - coach référent QRQC chez Safran Aircraft Engines.