Safran investit dans une société spécialisée dans le captage de CO2

Connaissez-vous le Direct Air Capture ou DAC ? Cette technologie permet de capter le CO₂ présent dans l’air ambiant. Un atout précieux pour la décarbonation de l’aviation, car la production des carburants synthétiques (ou e-fuels) nécessite du CO₂ et de l’hydrogène décarboné.

La startup Avnos fondée en 2020 a tiré le meilleur parti de cette technologie en développant le Hybrid Direct Air Capture (HDAC). La différence avec la génération précédente ? « Que l’on soit au cœur d’une grande ville ou au milieu du désert, avec le HDAC il est possible de capter le CO₂ dans n’importe quel milieu, y compris ceux avec une faible concentration de CO₂ », souligne Florent Illat, Directeur Général de Safran Coporate Ventures.

Autres avantages de taille : le HDAC réduit de manière significative la consommation d'énergie du procédé de captage, le tout… sans consommer d’eau. C’est même le contraire : grâce à ce procédé révolutionnaire, on récupère de l’eau qui peut être réutilisée dans le processus. 

Le HDAC développé par Avnos recèle un fort potentiel, tant sur un plan technologique, qu’économique ou encore logistique, comme l’explique Nicolas Jeuland, expert émérite carburants durables du Groupe : « Un des points qui freinaient le développement des e-fuels était le volume important des unités de production. Or, le système de captation d’Avnos – à l’image des technologies de production développées par Ineratec* – se présente sous la forme d’unités modulaires de taille réduite. Cela permet notamment de décentraliser la production de carburants synthétiques, d’autant plus que l’hydrogène – nécessaire à leur production – est plus difficile à transporter. Par ailleurs, la technologie à consommation énergétique réduite d’Avnos va dans le sens d’une réduction des prix des e-fuels, le coût de ces produits étant majoritairement lié au prix de l’électricité bas carbone ».

À noter que le HDAC se distingue du captage « en source concentrée » utilisé sur des unités industrielles. Dans ce cas, le CO₂ est capté dans des milieux avec une forte concentration, directement à la sortie des usines par exemple. Les travaux menés par l’équipe PuRe issue du programme d'intrapreneuriat de Safran "We Love Intrapreneurs" se situent sur des concentrations intermédiaires. « Ces approches sont donc totalement complémentaires », souligne Nicolas Jeuland. 

Les carburants synthétiques sont l’une des solutions les plus prometteuses pour décarboner l’aviation à l’horizon 2050. Ce nouvel investissement réalisé par Safran Corporate Ventures s’inscrit donc dans la stratégie de décarbonation du Groupe, notamment dans son volet consacré au soutien à la filière des carburants durables. Il répond également aux objectifs de l’accord européen ReFuel EU sur l’incorporation des carburants durables dans l’aviation civile. « C’est la stratégie qui dicte les investissements, souligne Florent Illat. La technologie de capture du CO₂ est une brique essentielle pour fabriquer des e-fuels. C’est donc un complément parfait à notre investissement dans la société Ineratec. Il faut soutenir le développement de ces technologies pour favoriser l’essor des e-fuels et ainsi agir pour la décarbonation », conclut-il.

*En 2022, Safran a investi dans la startup allemande Ineratec qui propose des technologies de développement et de production de carburants synthétiques neutres en carbone, pouvant se substituer aux carburants d'origine fossile.