Rencontre avec Matheus, lauréat du prix de la thèse Titane 2023
D’où vient ta passion pour l’aéronautique ?
Mon père voyageait beaucoup dans son métier et quand je venais le chercher à l’aéroport, je regardais les avions décoller et atterrir. J’ai également pu l’accompagner dans ses déplacements, ce qui m’a donné l'esprit du voyage, l’envie d’ailleurs et cette connexion avec l’aéronautique.
Est-ce qu’il y a un avion que tu affectionnes plus que les autres ?
Le 14-bis ! C’est le biplan d’Alberto Santos-Dumont qui a réalisé l’un des premiers vols autonomes au monde. Ça s’est passé en 1906 à côté du parc de Bagatelle, à Paris, quand la majorité des appareils comme celui des Frères Wright, décollaient grâce à une catapulte. Au Brésil, il y a un dicton qui dit qu’avec une catapulte, on peut même faire voler une pierre ! Ce n’est pas la même prouesse de propulser un avion… Pour moi, cet appareil est vraiment historique et symbolique, car Santos-Dumont était un Brésilien passionné d’aéronautique à Paris, ce qui fait un peu écho à mon histoire…
Réaliser une thèse appliquée à l’aéronautique était donc une évidence pour toi ?
Complètement ! Suite à mon double-diplôme d’ingénieur à l’université fédérale de Rio de Janeiro en génie métallurgique et à l’école SIGMA Clermont au sein du pôle mécanique, spécialité matériaux, j’ai souhaité réaliser une thèse de doctorat sur le titane appliqué à l’aéronautique.
Débutée en 2019 au Centre de mise en forme des matériaux (CEMEF) de l'école des Mines de Paris, ma thèse sur « l’étude multi-échelle des évolutions microstructurales dans les alliages de titane biphasés déformés à chaud » faisait partie du projet Continuum qui regroupe un consortium d’industriels dont Safran, Airbus, Timet et Aubert & Duval. L’objectif était d'apporter des informations précises sur la déformation du titane et les corrélations avec la microstructure.
Concrètement, quel est le lien avec notre secteur ?
Pour faire voler des avions, nous avons besoin de matériaux très légers et très résistants comme le titane. Cependant, c'est un matériau difficile à travailler pour obtenir des propriétés adéquates. Nous avons besoin de le faire évoluer en lui apportant de la chaleur et de la déformation.
L’objectif de ma thèse consistait à trouver la façon optimale d'adapter un matériau brut à un matériau qui correspond aux spécificités mécaniques recherchées.
Un travail de recherche qui a reçu le prix de la thèse 2023 décerné par l’Association française du titane… Ce n’est pas rien !
Ce fut une grande satisfaction de recevoir cette distinction car c'est un prix très reconnu dans le domaine du titane. C’est également la reconnaissance de mon travail de recherche et celle de la communauté des industriels aéronautiques.
C’est aussi ta thèse qui t’a amené à travailler chez Safran ?
Durant mon doctorat, j’ai travaillé avec Safran Tech, ce qui m’a permis de rejoindre Safran Aircraft Engines en janvier 2023.
Mon expérience du titane est mise au profit de l’optimisation de la gamme actuelle du bord d’attaque du LEAP-1B qui équipe le Boeing 737 MAX mais aussi du développement des bords d'attaque de l’Open Fan du programme du futur CFM RISE. Nos travaux de recherche approfondis sur le dimensionnel de la pièce et sur les paramètres dans un procédé de formage à chaud nous ouvrent des perspectives prometteuses pour l’avenir.
Qu'est-ce qui te plaît le plus dans ton métier ?
Allier la recherche théorique dans le domaine de la métallurgie mécanique et la pratique sur le terrain afin de trouver des solutions concrètes aux moteurs du futur. Chez Safran Aircraft Engines, j’ai également trouvé toute ma place en tant qu’ambassadeur de la recherche sur les matériaux dans le domaine aéronautique, ce qui me rend très fier.
Diplôme du prix de thèse Titane 2023
- © Safran
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