Avertissement Ce site n'est pas recommandé pour les navigateurs Internet Explorer. Veuillez utiliser un autre navigateur Web pour profiter d'une meilleure expérience.

L’analyse de données et l’intelligence artificielle au service du traitement des dérogations

Innovation

Depuis quatre ans, Safran Engineering Services met sa connaissance des nouvelles technologies au service du traitement des dérogations pour ses clients industriels. Objectif : optimiser un processus souvent long et coûteux pour la production. Solution nouvelle-génération développée par l’entreprise, SENSession met l’analyse de donnée et l’intelligence artificielle au service de l’accélération des temps de traitement. Explication avec Mahmoud Salmouni, Responsable du programme Dérogations.

L’aéronautique est un domaine où la précision et la qualité sont les maîtres-mots. Pour chaque pièce à produire il existe un plan de définition, qui indique les dimensions attendues ainsi que les écarts acceptables. Tant que la pièce reste dans cette zone de tolérance, elle est déclarée conforme. En revanche, si un écart trop important est constaté, un examen plus poussé s’avère nécessaire afin de déterminer si la pièce est « acceptable en l’état », « inacceptable » ou s’il faut faire une « demande de retouche ». C’est ce qu’on appelle le traitement des dérogations.

Chaque écart en-dehors du plan de définition implique alors un délai dans la livraison de la pièce, plus ou moins long selon les cas de figure. « Nous travaillons donc depuis plusieurs années à optimiser ce processus, explique Mahmoud Salmouni, Responsable du programme Dérogation, afin de limiter les coûts et d’offrir une plus grande réactivité à nos clients ».

 

Plusieurs axes d’optimisation

Les premières actions mises en place portaient notamment sur l’harmonisation et l’optimisation des pratiques internes entre les différents sites impliqués dans le processus, et sur le développement de l’activité en Inde et au Maroc.
En parallèle, Safran Engineering Services a fait appel à l’expertise et aux capacités d’innovation de ses collaborateurs. Ainsi, lors de l’Innovathon, le concours d’innovation organisé en 2020, trois équipes françaises, indiennes et marocaines ont eu l’idée d’associer l’intelligence artificielle et l’analyse de données : le projet SENSession était né.

« SENSession est un logiciel développé en interne par une équipe multiculturelle. C’est un outil d’aide à la décision, destiné à l’ingénieur chargé de traiter la dérogation. C’est un logiciel qui utilise l’intelligence artificielle, l’automatisation et le machine learning. Il permet d’associer la rapidité des algorithmes et l’expérience de l’opérateur, sans modifications du processus actuel », explique Mahmoud Salmouni.

 

Automatisation, machine learning et aide à la décision

SENSession fonctionne selon trois étapes : le prétraitement et l’analyse des données, le classement de la dérogation, et une proposition éventuelle d’extension de tolérance du plan de définition.

Le logiciel commence par analyser de manière automatisée les données de la pièce concernée, et les compare avec l’historique de toutes les dérogations déjà traitées par Safran Engineering Services depuis les débuts de cette activité. « Cette étape représente un gain de temps considérable pour l’opérateur, qui n’a plus à chercher lui-même les non-conformités similaires dans sa base de données » résume Mahmoud Salmouni.

Pour les cas les plus simples, l’outil repère donc si le problème a déjà été traité, et de quelle manière ; il propose alors une sanction. Pour les dérogations plus complexes, le logiciel parvient également à détecter des similarités avec des écarts existants et, sur cette base, à suggérer à l’opérateur une méthodologie de traitement de la dérogation. Et, grâce au machine learning, il compile au fur et à mesure la donnée et améliore en permanence la pertinence et la fiabilité se ses propositions.

Enfin, SENSession est capable de capitaliser sur l’ensemble des données existantes pour repérer les opportunités d’extension de tolérance. « Il peut ainsi suggérer des ajustements d’un plan de définition, parce qu’il est sûr à plus de 90 %, par exemple, que des pièces présentant tel nouvel écart de tolérance seraient déclarées acceptable » précise Mahmoud Salmouni. Charge ensuite au bureau d’études de confirmer, ou non, cette proposition de l’outil.

Le projet SENSession regroupe donc trois briques technologiques : l’automatisation, soit la façon de récupérer, de reconnaître et de traiter les données ; une intelligence artificielle capable de comparer les cas de dérogations reçus avec l’historique des données, de suggérer une méthodologie de traitement, et de s’améliorer au fil du temps ; et un algorithme qui utilise ces résultats de dérogation pour proposer des extensions de tolérance. L’entreprise se prépare à industrialiser son logiciel, et ce, dès juillet 2022, d’abord pour des pièces de propulsion puis à terme, de nombreuses pièces de production industrielle.

 

L’enjeu de l’extension de tolérance

Le fait d’identifier rapidement les extensions de tolérance possibles est un point majeur pour Safran Engineering Services. « Avant l’outil SENSession, rappelle Mahmoud Salmouni, les ingénieurs se concentraient en priorité sur le traitement des dérogations. La question de l’extension de tolérance n’intervenait qu’au bout de plusieurs années. Grâce à l’intelligence artificielle, alimentée en flux tendu, qui nous alerte sur les extensions de tolérance possibles, nous pouvons repérer et implémenter ces extensions trois ou quatre ans avant les délais constatés actuellement ». Ce qui représente un nombre significatif de pièces pouvant être déclarées conformes à l’issue de la chaîne de production.