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L'histoire de Zodiac Aerospace

Histoire

Plus ancienne société de fabrications aéronautiques encore en activité dans le monde, Zodiac puise ses racines dans une aventure entrepreneuriale singulière qui s’est déroulée en France au début du XXe siècle.

Anciens établissements aéronautiques Maurice Mallet, Puteaux (1910)

Les débuts de l’aéronautique

Maurice Mallet inspectant l'un des premiers dirigeables sorti de ses ateliers

Né en 1861, Maurice Mallet manifeste très jeune un intérêt pour l’aéronautique. A l’occasion de l’exposition universelle de 1878, il est fasciné par l'immense ballon captif « à vapeur » installé par l'ingénieur Henry Giffard dans la cour des Tuileries. En 1884, il se lie d’amitié avec Paul Jovis, un aéronaute un peu fantasque avec lequel Mallet fonde une société d'expériences aérostatiques qui propose des sorties en ballon. Alors que la société se lance aussi dans la construction d’aérostats, Mallet dirige seul celle du Horla, un sphérique « de luxe » de 1600 m³ dont le nom rend hommage à une nouvelle récemment publiée par Guy de Maupassant. 

Après la mort de Paul Jovis en 1891, il rachète ses ateliers situés rue des Cloÿs à Paris où il fait travailler une équipe d'ouvriers adroits et qualifiés parmi lesquels un groupe de jeunes femmes chargées d'exécuter les travaux méticuleux de couture et d'assemblage des enveloppes.

Associé à son ancien élève Antonino Mélandri, sportif accompli, aérostier compétent, et de l’industriel Paul Simard de Pitray, petit-fils de la comtesse de Ségur, Maurice Mallet fonde le 21 décembre 1896 une première société dont la raison sociale reprend leurs trois noms : « Mallet, Mélandri et de Pitray ». Elle a pour objectif la création et l’exploitation d’un parc aérostatique qui obtient l’autorisation de s’installer à l’orée du Bois de Boulogne.

L’année 1898 est marquée par la rencontre avec Henry de La Vaulx qui effectue sa première ascension à bord d’un ballon des ateliers Mallet. Conquis, il décide de consacrer son temps et sa fortune au développement de l’aéronautique. Comme de nombreux aristocrates et mécènes de l’époque, de La Vaulx participe en octobre 1898 à la création de l’Aéro-Club de France qui permet l’organisation de compétitions pour ballons libres et la mise en place d’une commission de contrôle et d’homologation des records dès 1899. Maurice Mallet s’impose comme le fournisseur officiel de cette nouvelle société aéronautique. Les aérostats qui sortent de ses ateliers sont réputés pour le soin et le raffinement de leur construction mais également pour les nombreuses innovations qu’ils présentent.

Rebaptisés Ateliers aéronautiques Maurice Mallet en 1899, les ateliers de la rue des Cloÿs sont transférés à Puteaux en 1903.

De La Vaulx et Mallet décident en janvier 1908 d'unir leurs efforts pour créer la Société française des ballons dirigeables. Officiellement constituée le 12 mars 1908, elle a pour principal objet « l'étude et la construction, la vente, l'achat ou la location de tous ballons dirigeables, leur exploitation directe ou par participation ». Les ateliers Maurice-Mallet en deviennent les fournisseurs exclusifs. De fabricants-artisans à la demande, ils doivent donc évoluer vers le stade semi-industriel afin de faire leur entrée dans le circuit économique.

Publicité Zodiac

L'entreprise change de nom en juin 1909 pour devenir la Société française de Ballons dirigeables et d'Aviation Zodiac. Après absorption des Ateliers Mallet en 1911, l’entreprise devient la Société Zodiac - anciens établissements aéronautiques Maurice Mallet.

En parallèle, Maurice Mallet expérimente avec la construction d’appareils plus lourds que l’air. La réalisation des premiers monoplans conduit à l’agrandissement des usines de Puteaux en 1911 afin d’aménager un atelier exclusivement consacré à la fabrication d’aéroplanes.

Au début des années 1910, dans le cadre de son ambitieux programme de dirigeables, le ministère de la Guerre fait appel à Zodiac pour la construction de plusieurs dirigeables de fort tonnage. Les contraintes et difficultés entrainées par ces contrats avec le Gouvernement français sont à l’origine du départ du comte de La Vaulx. 

Si le premier conflit mondial n’a pas durement impacté la société Zodiac sur le plan financier, celle-ci reste une entreprise relativement fragile dont le cœur de métier, l’aérostation, est sur le déclin dans les années 1920. Le 27 septembre 1926, une page se tourne avec le décès de son président-fondateur Maurice Mallet. Emile Brocard lui succède à la présidence du conseil d’administration.

Dans ce contexte, et face à la concurrence de la société Aérazur créée en 1928, Zodiac lance une politique d’innovation particulièrement active : enduits pour assurer l’imperméabilité des étoffes, réservoirs à gaz en étoffe, treuil à grande puissance équipé d’un moteur Hispano de cent chevaux, parachutes…

Au début des années 1930, deux augmentations de capital le font passer à 4,5 millions de francs afin d’assurer à l’entreprise un fonds de roulement suffisant pour faire face aux commandes de ses clients. A la même époque, le ministère de l’Air demande à Zodiac d’étudier et de fabriquer des moto-ballons : une nacelle motrice est fixée au ballon ce qui lui permet de se mouvoir par ses propres moyens au ras du sol. Malgré le succès de ce nouveau produit, les activités de la société tournent au ralenti à partir d’octobre 1940, d’autant plus que les autorités occupantes ont investi les usines et récupéré les moto-ballons en état de fonctionnement. 

Zodiac est la plus ancienne des cinq grandes marques historiques de l’aéronautique française à ne pas disparaitre à la Libération. Sa situation financière n’en reste pas moins précaire. En novembre 1953, le conseil d’administration approuve officiellement « la cessation de toute activité proprement aéronautique ». 

L'aventure aérostatique
Zodiac, Fabrication des ballons
004711ZA : Zodiac, Fabrication des ballons
004711ZA : Zodiac, Fabrication des ballons
© Espace Patrimoine Safran
Zodiac, Fabrication des ballons
004719ZA : Zodiac, Fabrication des ballons
004719ZA : Zodiac, Fabrication des ballons
© Espace Patrimoine Safran
Le ballon dirigeable du Comte de la Vaulx
003957ZA : Le ballon dirigeable du Comte de la Vaulx
003957ZA : Le ballon dirigeable du Comte de la Vaulx
© Espace Patrimoine Safran
Affiche publicitaire de l'aérodrome du bois de Boulogne
DP017342_021 : Affiche publicitaire de l'aérodrome du bois de Boulogne
DP017342_021 : Affiche publicitaire de l'aérodrome du bois de Boulogne
© Espace Patrimoine Safran
Zodiac, Ballons
004740ZA : Zodiac, Ballons
004740ZA : Zodiac, Ballons
© Espace Patrimoine Safran
Moto-ballon MBZ31, l’évolution finale des moto-ballons Zodiac
SAF2018_0283903 : Moto-ballon MBZ31
SAF2018_0283903 : Moto-ballon MBZ31
© Espace Patrimoine Safran

Les activités marines

Essai d'un bateau par Pierre Debroutelle après 1945

L’invention par Pierre Debroutelle, l’un des plus anciens collaborateurs de la société, d’un modèle de canot pneumatique à la fin des années 1930, se révèle salvatrice pour Zodiac qui devient dans les années 1950 synonyme de fiabilité dans le domaine nautique, la marque s’imposant peu à peu comme la désignation générique d’un canot pneumatique.

La pénurie de matières premières et l’inflation rendent difficiles à honorer les premières commandes de canots pneumatiques passées par le ministère de l’Air et la Marine nationale à la fin des années 1940. Renouant avec sa traditionnelle politique d’innovation, Zodiac permet à Pierre Debroutelle d’imaginer de nouveaux prototypes en dépit du poids que ces recherches font porter sur les finances de la société. La première commercialisation auprès du grand public a lieu en 1949.

Dans ce contexte la famille Desanges, actionnaire historique de la Société, propose d'effectuer un apport financier conséquent à la condition que le Conseil administratif soit renouvelé. La présidence de Richard Desanges est marquée par une évolution très sensible du fonctionnement de l'entreprise. Au cours de l'année 1951, l'essentiel de la production est transféré à Rochefort, l'usine historique de Puteaux ne conservant que le bureau d'études dirigé par Alfred Gaillard, un service de réparations et un atelier de fabrication à l'unité.

Zodiac s'efforce également de nouer des relations de partenariat avec d'autres entreprises afin de concevoir des produits innovants susceptibles de lui offrir de nouveaux débouchés. De 1951 à 1953, sont développés des gilets de sauvetage constitués d'une armature en toile garnie d'une matière très légère fabriquée par l'usine Kléber de Colombes, des coffrages pneumatiques en collaboration avec l'entreprise Airform Constructions et des ressorts et carcasses pour matelas et sièges souples dans le cadre d'un accord avec la société suisse Spühl.

Les ventes d'embarcations pneumatiques connaissent un réel développement au début des années 1950. L'avance de Zodiac sur la concurrence est indéniable dans la mesure où ses canots demeurent les seuls à pouvoir être munis de moteurs dans des conditions de rendement satisfaisantes. En outre, Zodiac a acquis le brevet exclusif de la tête de percussion des bouteilles de gaz des établissements Robindus, autorisant un système de gonflement pratique et automatique pour l'ensemble du matériel pneumatique.

En fin d'année 1952, Alain Bombard, réalise la traversée de l'Atlantique en solitaire à bord d'un bateau pneumatique Zodiac de série, baptisé L'Hérétique. Bombard assure une promotion certaine au pneumatique, jusqu'alors fort décrié, car réputé d'une solidité douteuse en raison de son caractère peu orthodoxe.

Les 14 janvier et 3 mai 1955, sont publiés deux décrets autorisant le « remplacement des engins flottants ou radeaux de sauvetage réglementaires » par des « canots pneumatiques à gonflement automatique », à la condition que ces derniers satisfassent aux critères définis par le ministère de la Marine marchande. Ceux-ci imposent en particulier l'utilisation de matériaux pouvant « résister à l'action de l'eau de mer, de la chaleur, du froid, au contact accidentel des hydrocarbures et présenter des références d'emploi portant sur une période d'utilisation d'au moins cinq ans ou avoir subi des épreuves de laboratoire offrant des garanties jugées équivalentes ». Zodiac possède incontestablement une longueur d'avance sur ses principaux concurrents.

Un vaste plan d’aménagement de la région parisienne adopté par l’Etat au début des années 1950 conduit à l’expropriation des usines Zodiac de Puteaux. Le regroupement de l’ensemble de l'activité productive et du siège social sur le site Rochefort est alors décidé en mars 1956. Dans le même temps, la Société fait l'acquisition d'un immeuble de trois étages à Courbevoie où sont implantés les services administratifs et comptables, puis à partir de mai 1959 le siège social.

Publicité bateaux pneumatiques Zodiac

Malgré une absence de publicité, Zodiac peine à répondre aux commandes d’une clientèle civile en pleine émergence. Légères, faciles à monter et surtout à transporter, les embarcations pneumatiques séduisent un nombre croissant de particuliers, qui apprécient la grande polyvalence de ces engins qui permettent la pratique d’une grande variété d'activités. Pour relever ce nouveau défi, Zodiac doit faire évoluer ses modes de fonctionnement mais également revoir l'aspect de ses bateaux afin de les rendre plus conformes aux exigences de la clientèle civile. C’est le début d’une réflexion sur la publicité, le service après-vente et, de façon générale, l'organisation commerciale de la société.

A la fin des années 1950, les premiers tissus synthétiques en nylon enduit de néoprène et d'hypalon, des élastomères de synthèse font leur apparition et se révèlent beaucoup moins sensibles au vieillissement, aux agents naturels et aux hydrocarbures. C’est l'abandon progressif des matières héritées de la construction des ballons et constituées pour l'essentiel d'une trame de coton enduite de caoutchouc.

Le décès de Richard Desanges, la nomination puis la démission de son frère Claude Desanges à la Présidence de la société, ainsi que le décès du Directeur général Maurice Ganil, font de 1962 une année d’instabilité.

En 1963, la cadence mensuelle de fabrication est de deux cents pneumatiques, ce qui se révèle insuffisant pour répondre à la demande de la clientèle. En vue d'accroître la production, un atelier démontable est provisoirement installé à Courbevoie tandis que l'usine de Rochefort étend ses ateliers. Au cours de la même période, les dirigeants procèdent à l'embauche de salariés. Rapidement, l'entreprise gagne en efficacité et une production de dix-sept bateaux par jour est atteinte à Rochefort en fin d'année. Zodiac peut sans conteste être considérée, dès le milieu des années 1960, comme le leader mondial du bateau pneumatique avec plus de 4 000 unités vendues annuellement.

En mai 1965, pour des raisons de cohérence, de simplification et surtout afin de ne pas « porter à confusion à l'étranger », la raison sociale de l'entreprise devient officiellement Zodiac, gommant définitivement toute référence aux anciens établissements Maurice Mallet. 

La fabrication des bateaux pneumatiques
Zodiac, Ateliers de Puteaux dans les années 1950
Zodiac, Ateliers de Puteaux dans les années 1950
Zodiac, Ateliers de Puteaux dans les années 1950
© Espace Patrimoine Safran
Zodiac, Ateliers de Puteaux dans les années 1950
Zodiac, Ateliers de Puteaux dans les années 1950
Zodiac, Ateliers de Puteaux dans les années 1950
© Espace Patrimoine Safran
Stockage d'une partie de la production de bateaux pneumatiques à Rochefort en mars 1951
Zodiac, Production de bateaux pneumatiques à Rochefort, 1951
Zodiac, Production de bateaux pneumatiques à Rochefort, 1951
© Espace Patrimoine Safran

Le retour à l’aéronautique et l’internationalisation

Au début des années 1970, Zodiac traverse une nouvelle période d’incertitude. Jean-Louis Gerondeau, nommé directeur général en 1974, contribue à l'orienter vers une nouvelle phase de croissance en réorganisant dans un premier temps l'entreprise et en réinvestissant de manière durable le secteur de l'aéronautique grâce au rachat du concurrent historique Aérazur.

Par le rachat de la société EFA (Etudes et Fabrications Aéronautiques) en 1979, Zodiac s’impose comme leader français du domaine des parachutes puis comme unique fournisseur de l’armée de Terre dans le cadre du renouvellement du parc de parachutes à personnel pour saut de groupe.

Différentes acquisitions et la création de filiales à l’étranger transforment Zodiac en un véritable groupe. La société s'internationalise et se tourne vers le marché civil, en s'imposant comme un des principaux leaders dans le domaine des toboggans d'évacuation. Si elle conserve une solide branche nautique qui s'enrichit d'une division couvrant le domaine des piscines et des loisirs de l'eau, la Société devient peu à peu un acteur de référence dans l'aviation commerciale. 

Zodiac réussit tout au long des années 1980 à élargir son champ d'activité autour d'un dénominateur technique commun, celui des matériaux souples, puis à consolider sa position à la faveur de nouvelles acquisitions. Au cours des années 1990, Zodiac investit pour la première fois le marché de la cabine d'avion, un secteur consolidé par le rachat de leaders mondiaux : SICMA Aero Seat, Weber Aircraft, Monogram Systems. La grande diversification de ses activités rend le Groupe moins vulnérable que d'autres acteurs du marché aux incessantes variations des cycles aéronautiques.

Dans le contexte de forte croissance du transport aérien civil des années 2000, Zodiac accélère et accroît sa stratégie d'investissement sur des marchés de niches afin d'acquérir une position dominante sur davantage de segments du secteur de l'équipement aéronautique. Le rachat d'Intertechnique, initié en 1999, constitue à cet égard une étape décisive permettant à l'entreprise d'investir le domaine des systèmes embarqués et de s'assurer une place parmi les dix leaders mondiaux des équipementiers aéronautiques.

Zodiac rachète en 2005 le groupe américain C&D Aerospace, spécialisé dans l'aménagement d'intérieurs de cabines d'avions. Son activité porte à la fois sur la fabrication de composants de cabines et sur l'intégration de cabines d'avions complètes souvent fournies « clés en main ». Ce nouvel ensemble d'activités à fort contenu technologique confère à Zodiac une position désormais dominante dans le domaine de l'intérieur de cabine.

L'entreprise cède en 2007 sa branche Marine au fonds d'investissement américain Carlyle. Cette décision lui permet de se recentrer définitivement sur son activité d'origine, l'aéronautique, sous la nouvelle dénomination de Zodiac Aerospace, et de s'imposer comme une référence incontournable au sein de l’industrie aérospatiale.

Livraison du premier galley Zodiac
Livraison du premier galley Zodiac

Alors que Zodiac fête son 120e anniversaire en 2016, un projet de rapprochement avec Safran est annoncé. L’absorption de Zodiac par Safran a lieu en 2018, les activités de l’équipementier sont regroupées et rebaptisées pour créer Safran Aerosystems, Safran Cabin et Safran Seats.