Avertissement Ce site n'est pas recommandé pour les navigateurs Internet Explorer. Veuillez utiliser un autre navigateur Web pour profiter d'une meilleure expérience.

L'histoire de Safran Transmission Systems

Histoire

Safran Transmission Systems est aujourd’hui le leader mondial des systèmes de transmission de puissance mécanique pour les marchés aéronautiques civils et militaires. Retour sur les origines d’une société associée à une image de performance et d’innovation dans les domaines de l’automobile et de l’aviation : Hispano-Suiza.

Hispano-Suiza, vue générale de l'usine de Barcelone
Hispano-Suiza, vue générale de l'usine de Barcelone

La reconnaissance et les débuts en compétition automobile

Marc Birkigt à son bureau en 1904

Marc Birkigt nait le 08 mars 1878 à Genève. Après l’obtention de son diplôme d’ingénieur, il quitte la Suisse pour Barcelone où il est engagé en 1899 dans les ateliers de la Cie Générale de voitures automobiles Emilio de la Cuadra. Après la faillite de l’entreprise en 1901, Marc Birkigt fonde une nouvelle société : la « Fábrica Hispano-Suiza de Automóviles ». En 1904, il s’associe à l’industriel catalan Damien Mateu pour créer « Hispano-Suiza », Fabrique d’Automobiles S.A. à Barcelone. La société commercialise une gamme de voitures luxueuses qui commence à remporter un réel succès auprès des clients fortunés. Marc Birkigt comprend rapidement que la compétition automobile peut avoir des effets marketing très intéressants pour la marque.

De 1905 à 1907, la société produit des châssis dit « cuirassés » équipées de moteurs 4 cylindres de 14 et 20/24 chevaux avec embrayage à disque bronze et acier pour voiture et camion. Hispano-Suiza présente pour la première fois ses châssis en France lors de la « XIIIe exposition de l'automobile du cycle et des sports », qui se déroule en décembre 1906 au Grand Palais.

La marque prend alors un essor considérable d’autant que Birkigt a pour client prestigieux le roi d'Espagne Alphonse XIII, alors âgé de 20 ans et passionné d’automobiles qui assure à la société son appui total. Devant l’afflux de commandes, Birkigt se tourne vers d’autres constructeurs pour fabriquer ses châssis. Une licence de brevet est accordée entre autre à la Société Automobile Genevoise de Paul Piccard et Lucien Pictet, qui la produise sous la marque SAG jusqu'en 1908. Deux nouveaux châssis sont présentés au salon 1907 : un 4 cylindres de 40/45 chevaux et un imposant 6 cylindres de 60/75 chevaux de 11 litres de cylindrée orné de l'emblème de la marque, comprenant deux ailes (symbole de vitesse) au-dessus d’une croix blanche (symbole helvétique) sur les couleurs espagnoles.

En 1908, la 1ère coupe de Catalogne est créée par le Royal Automobile Club d'Espagne à la demande du Roi d’Espagne. Birkigt décide alors de se lancer dans la compétition automobile. Grâce au pilote et metteur au point Paolo Zuccarelli, l’une des trois Hispano-Suiza engagée finit troisième de la IIe Coupe de Catalogne le 20 mai 1909, derrière les deux Lion-Peugeot, alors imbattables. En septembre 1910, il gagne la Coupe des Voiturettes à Ostende, la coupe du Mont Ventoux, puis la coupe des Voiturettes au Circuit de Boulogne devant Jules Goux (Lion-Peugeot) effectuant les 454 kilomètres du parcours à 89,5 km/h de moyenne. Ce sera le dernier résultat en course pour Hispano-Suiza, qui se retire de la compétition à la fin de l’année 1910. Marc Birkigt se voit décerner par le roi d’Espagne le titre de « Chevalier d'Isabelle la Catholique ».

Hispano-Suiza à Barcelone
Hispano-Suiza, ateliers du site de Barcelone
1862HIS : Hispano-Suiza, les ateliers à Barcelone
1862HIS : Hispano-Suiza, les ateliers à Barcelone
© Espace Patrimoine Safran
Hispano-Suiza, ateliers du site de Barcelone
1863HIS : Hispano-Suiza, les ateliers à Barcelone
1863HIS : Hispano-Suiza, les ateliers à Barcelone
© Espace Patrimoine Safran
Hispano-Suiza, ateliers du site de Barcelone
1864HIS : Hispano-Suiza, les ateliers à Barcelone
1864HIS : Hispano-Suiza, les ateliers à Barcelone
© Espace Patrimoine Safran
Paolo Zuccarelli en Espagne au volant de la voiturette de la coupe de « L'Auto » de 1910
15446-11HS : Paolo Zuccarelli
15446-11HS : Paolo Zuccarelli
© Espace Patrimoine Safran
Voiture 15HP construite à Barcelone vers 1914
15446-06HS : Voiture 15HP construite à Barcelone vers 1914
15446-06HS : Voiture 15HP construite à Barcelone vers 1914
© Espace Patrimoine Safran
Hispano-Suiza, vue aérienne du site de Bois-Colombes

De Barcelone à Bois-Colombes

Hispano-Suiza s’installe en France à Levallois en 1911 et se lance dans la conception de voitures de luxe (châssis-moteurs). Le premier modèle de la série des voitures de prestige, d'une puissance de 15 chevaux, est baptisé l'ALPHONSE XIII, du nom de son premier possesseur, le roi d'Espagne. La société se crée en France une image de marque fondée sur la robustesse, la qualité, la simplicité et la légèreté.

L’entreprise déménage à Bois-Colombes en 1914 dans des locaux neufs spécialement conçus pour la société.

Hispano-Suiza, vue extérieure du bâtiment administratif sur le site de Bois-Colombes, construit en 1913 par Georges Lebon et remanié en 1928 par Ernest Baton

Lors de la Première Guerre mondiale, Hispano-Suiza se détourne de la construction automobile au profit de l’aéronautique, afin de participer à l’effort de guerre. Le moteur en aluminium et à cylindres en V imaginé par Marc Birkigt, alliant puissance et légèreté contribue grandement à la notoriété et au développement d’Hispano-Suiza. Entre 1916 et 1918, une vingtaine d'entreprises françaises et étrangères construisent près de 50 000 moteurs Hispano-Suiza, qui équiperont notamment le SPAD VII de Georges Guynemer. La cigogne dessinée sur son avion par un inconnu pendant la libération de l'Alsace devint l'emblème de toute son escadrille, puis de la société Hispano-Suiza. Les moteurs Hispano-Suiza équipent aussi la célèbre escadrille La Fayette réunissant les volontaires américains venant en aide à la France. 

Après la guerre, l’entreprise retourne à la construction automobile. Connue pour sa production de moteurs destinés à des voitures de luxe exposées dans de nombreux salons, elle continue néanmoins à fabriquer des moteurs d’avion, rendant possibles plusieurs records comme ceux de Jean Mermoz (première traversée postale de l’Atlantique sud sans escale en 1930) ou de Costes et Bellonte (première traversée Paris-New York sans escale en 1931). En 1933, la société détient quatorze records du monde.

Hispano-Suiza, soufflerie du site de Bois-Colombes

En 1936, la société arrête définitivement la fabrication d'automobiles. Elle se concentre désormais sur les moteurs d'avions, dont les commandes abondent avec les premières rumeurs de la guerre, et construit une soufflerie à Bois-Colombes pour les essais moteurs. A la même époque, un tunnel souterrain est aménagé, permettant des tirs d’essai de l’armement.

Jusqu'à l'armistice de juin 1940, la société tourne à plein régime pour fournir moteurs, hélices et canons à l'armée française. Sous l’Occupation, malgré le départ de Marc Birkigt pour le site de Barcelone et le transfert d’une grande partie de l’usine à Tarbes en zone libre, le site de Bois-Colombes continue de fonctionner. Réquisitionnée par l’Occupant, l’usine produit des pièces de moteur BMW qui équipent les avions allemands. A Tarbes, les ouvriers s'emploient à fabriquer toute sorte d'ustensiles de cuisine pour écouler les stock d'alliages légers (cafetières, bouilloires, cocottes...). Des canons et moteurs dérivés de licences Hispano-Suiza ont cependant équipé de nombreux appareils alliés. Après les bombardements alliés de septembre et décembre 1943 qui détruisent une partie de l’usine de Bois-Colombes, l’entreprise est à la sortie de la guerre dans une situation difficile.

La diversification progressive des activités

Après la seconde guerre mondiale, Hispano-Suiza souhaite réaffirmer sa vocation de motoriste et acquiert auprès de Rolls-Royce la licence de fabrication des turboréacteurs à compresseurs centrifuges Nene (avions SNCASE SE 532 Mistral, MD-450 Ouragan) puis Tay. Hispano-Suiza commence à produire en série les Nene de Rolls-Royce en 1948. A partir du Tay, Hispano-Suiza fabrique un réacteur plus puissant dénommé le Verdon, de 3 750 kg de poussée. Ce dernier équipe le légendaire Mystère IV A de Dassault jusqu'en 1970.

Le moteur NENE
Hispano-Suiza, chaine de montage moteur NENE sur le site de Bois-Colombes
4064HIS : Hispano-Suiza, chaine de montage moteur NENE à Bois-Colombes
4064HIS : Hispano-Suiza, chaine de montage moteur NENE à Bois-Colombes
© Espace Patrimoine Safran
Constantin Rozanoff debout au poste de pilotage de l'avion Ouragan MD450 (Villaroche, 1949)
270614N : Dassault Aviation Ouragan MD450 avec le pilote Constantin Rozanoff
270614N : Dassault Aviation Ouragan MD450 avec le pilote Constantin Rozanoff
© Espace Patrimoine Safran
Avion Ouragan MD450 (Dassault Aviation) en vol, équipé du moteur Hispano-Suiza NENE
1337HIS : Dassault Aviation Ouragan MD450
1337HIS : Dassault Aviation Ouragan MD450
© Espace Patrimoine Safran
Départ de la fusée Diamant n°1 le 26 novembre 1965

Hispano-Suiza innove également dans les domaines aéronautique, ferroviaire, naval et nucléaire. Dans les années 1960 et 1970, Hispano-Suiza diversifie son savoir-faire : moteurs Diesel, systèmes de transmission de puissance (les "Bananes", qui équiperont plus tard les CFM56), systèmes d'atterrissage, trains d'atterrissage, freins et roues, sièges éjectables, robots nucléaires…

En 1964, le Ministère de la Défense Nationale prend la décision de créer une unité de réparation de turbo-machines à Châtellerault, c’est la naissance de la SOCHATA ou SOciété CHAtelleraudaise de Travaux Aéronautiques. En mars 1965, un protocole est conclu entre la S.E.M. HISPANO-SUIZA et la Délégation Ministérielle de l'Armement ; la construction du site commence en mai 1965. Cette décision permet, d'une part, de reconvertir le personnel de la Manufacture d'Armes de Châtellerault dont les fabrications traditionnelles s'éteignaient à cause de l'évolution des armements, et d'autre part de décentraliser les ateliers de réparation de la S.E.M. HISPANO-SUIZA, trop à l'étroit dans l'usine de Bois-Colombes.

En novembre 1965, Hispano-Suiza participe pour la première fois à un programme spatial français avec le premier lancement de la fusée Diamant qui permet d'envoyer dans l'espace le premier satellite français Astérix. Hispano-Suiza fournit l'hydraulique, les vannes et les distributeurs pneumatiques ainsi que les fusées de séparation des étages.

Absorbée par le groupe SNECMA en 1968, Hispano-Suiza n'est plus motoriste mais se positionne en tant qu'équipementier de premier plan. Le 22 décembre 1970, le groupe décide de regrouper les activités « atterrisseurs » de sa division Hispano-Suiza avec les activités « trains d'atterrissage, roues et freins, hydraulique aérospatiale et activités connexes » de Messier. Ce regroupement donne lieu à la création d'une nouvelle société qui prend le nom de Messier-Hispano.

Dès 1979, Hispano-Suiza a la maîtrise d'œuvre pour la réalisation des chaînes cinématiques dans l’ensemble du groupe. Le site du Havre entre dans le domaine de la production des inverseurs de poussée. Le premier inverseur est fabriqué en mai 1979. Les trois grands constructeurs mondiaux Airbus, Boeing et Douglas choisissent Hispano-Suiza pour équiper la plupart de leurs avions.

En 1984, Hispano-Suiza est sélectionnée comme fournisseur de l'inverseur de poussée de l'A320, des boîtiers d'entraînement d'équipements et d'accouplements flexibles pour le M88 du Rafale.  

Dès les années 1970, les dirigeants d’Hispano-Suiza jugent le site de Bois-Colombes inadapté aux nouvelles activités de l’entreprise. Les pouvoirs publics, quant à eux, recommandent l’éloignement de l’usine afin de développer l’habitat dans le quartier. Le projet de fermeture du site soulève de vives protestations des employés et des organisations syndicales. Pourtant, à partir du milieu des années 1990, la production est progressivement transférée à Colombes, jusqu’à la fermeture définitive de l’usine en 1999. L’ancien site, après la destruction des bâtiments (à l’exception de la soufflerie), est intégré au projet de réaménagement de la ZAC des Bruyères, mené par la Ville au début des années 2000. Aujourd’hui, à la place de l’usine, on trouve le parc des Bruyères, l’école La Cigogne, des immeubles et des bureaux investis par des entreprises comme Aviva ou Colgate-Palmolive.

Aircelle choisi Hispano-Suiza en 2001 pour le développement d’un système d'actionnement électronique unique au monde des inverseurs de poussée sur les nacelles Trent 900, GP 7200 de l'A380. L’année suivante, l'ensemble des compétences relatives à la conception, à la réalisation et à l'intégration de systèmes de régulation moteur et transmissions de puissance est regroupé dans Hispano-Suiza. La société devient également maître d'œuvre du système de régulation du M88 et de son calculateur, et cède son activité turbocompresseurs à Turbomeca. 

Le rattachement au groupe Safran

Hispano-Suiza devient en 2005 filiale du Groupe Safran, issu de la fusion entre Snecma et Sagem. Au mois de juillet la même année, Snecma Polska devient filiale d'Hispano-Suiza et est rebaptisée Hispano-Suiza Polska. Ce centre de production est dédié à la fabrication de pignons pour l'activité transmissions mécaniques de puissance. 

En 2016, à l'occasion du changement de dénominations sociales des sociétés du Groupe Safran, Hispano-Suiza devient Safran Transmission Systems.


La fameuse cigogne, emblème d'Hispano-Suiza
La cigogne, emblème d'Hispano-Suiza