L'histoire de Safran Power Units
La société Microturbo, aujourd'hui Safran Power Units, leader mondial dans la conception et la production de systèmes de puissance pour l'aéronautique civile et militaire a été créée en 1961 par James Gaston Bayard.
Les origines de la fondation de Microturbo : le turbo démarreur Nöelle 60
James Gaston Bayard est né en 1914. Après huit années de service dans la Marine, il devient ingénieur de l’Air et travaille pour l’EERA (le futur Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse). Il crée la SEMCA (Société d'Etude de Matériel de Contrôle Aéronautique) en 1945. L’entreprise devient la première firme française spécialisée dans le conditionnement d’air pour l’aéronautique.
Dans les années 1950, les performances des réacteurs de forte puissance deviennent telles que le démarrage électrique des moteurs d'avions n'est plus possible à partir des batteries embarquées. La Société SEMCA met au point un démarreur à air qui fonctionne les quelques secondes nécessaires au lancement d'un moteur. L'étude d'une turbomachine à fonctionnement continue est rapidement envisagée. C'est le 24 décembre 1960, la veille de Noël, que le premier démarreur autonome tourne au banc d'essais : il est baptisé Noëlle 60.
Ce démarreur de turboréacteur est constitué d'une petite turbine à gaz dont le lancement est assuré par un moteur électrique alimenté par les sources d'énergie disponibles à bord de l'avion (batterie de bord, carburant réacteur, air ambiant). Il permet ainsi la mise en route des moteurs à partir du poste de pilotage, et non plus à l'aide des dispositifs d'assistance au sol.
Le Noëlle 60 équipe les différentes versions du réacteur ATAR, monté sur les aéronefs de Dassault Aviation (Mirage III, IV, V & FI, Etendard et Super Etendard), logé dans l'ogive à l'avant du réacteur. Grâce à cette nouvelle technologie, le temps de démarrage a été réduit à environ 20 secondes pour un moteur ATAR, ce qui était très peu à cette époque, permettant au Mirage d’obtenir l'un des démarrages les plus rapides comparé aux autres avions de sa catégorie. La Noëlle 60 a ensuite été déclinée en plusieurs modèles pour s'adapter à d'autres réacteurs : Noëlle 80 pour les ATAR 9K et 9K50 ; Noëlle 180 pour les moteurs M53 du Mirage 2000.
Le succès des essais de ce générateur sur l'ATAR 9C des Mirages III B et C de Dassault Aviation est tel qu'il pousse James Gaston Bayard à créer le 1er novembre 1961 la société Microturbo. Installée à Toulouse sur le site du Pont de Rupé, la première équipe de 15 passionnés s’étoffe progressivement pour atteindre un effectif de 337 personnes à la fin de la décennie.
La décennie des pionniers
La première décennie d’existence de Microturbo est marquée par la création de nombreux produits.
1964 : Lancement du développement d'un turbomoteur destiné aux fonctions auxiliaires et de secours de l'avion Concorde nommé Emeraude. Il ne connait pas de débouché industriel mais a été une source d'enseignements thermodynamiques, environnementaux et fonctionnels pour la société.
1965 : Microturbo remporte le concours binational pour le démarrage des deux réacteurs Adour pour le projet Sepecat qui donne naissance à la famille d'avions franco-britanniques Jaguar, Hawk et Goshawk.
1966 : Mise en endurance du Groupe Auxiliaire de Puissance Saphir 4-2 pour l'avion d'affaires Mystère 20, rebaptisé Falcon 20. La turbomachine à fonctionnement continu est l’évolution logique du démarreur qui ne fonctionne que lors des premières secondes du démarrage.
1967 : Premier vol du moto-planneur de Charles Fauvel A45-01 équipé du turboréacteur Eclair, évolution du turbomoteur Emeraude.
1968 : Une partie du Bureau d'Etudes de Microturbo rejoint la société concurrente Sermel. Le Jaguar de British Aircraft Corporation (devenu BAE Systems) effectue son premier vol.
1970 : Mise au point du TRS18, un turboréacteur destiné au motoplaneur Caproni A21J conçut par Sermel, délivrant 90 à 145 daN de poussée.
1971 : Propulsion du planeur Diamant D18 par le turboréacteur Eclair.
La parenthèse IDA
En 1972 Microturbo acquiert la société Sermel, alors renommée IDA – Innovation et Développement Aérothermodynamique.
Le constructeur américain d’avion en kits Jim Bede commande deux-mille TRS18 pour le Bede 5J, un mini-avion à réaction qui est abandonné malgré sa certification en 1975. Ce petit réacteur à compresseur centrifuge, d’abord envisagé comme propulseur de petits avions d’entrainement, trouve finalement son application industrielle avec l'engin-cible Meteor Mirach 100.
Au début des années 1970, Marc Faury, Ingénieur Général de l’Armement, rejoint Microturbo. Il impulse alors le développement de la famille TRI60. Ce turboréacteur consommable pour engins-cibles et missiles, mono-corps mono-flux à compresseur axial tri-étage de 300 daN et de faible diamètre, est initialement destiné à l'engin-cible Aerospatiale C22. Après ses premières rotations au banc d’essais en 1974, le TRI60 connait un succès important auprès des programmes Sea Eagle de BAE Dynamics (devenu MBDA), RBS15 Mk11 de Saab et MQM 107B de Beech AircraftDynamics (devenu Raytheon).
IDA reprend le nom de Microturbo en 1977.
De l’entreprise familiale au groupe international
Le lancement du Noëlle 180 pour le démarrage du moteur M53 conçu par Snecma pour le Mirage 2000 a lieu en 1978. Les premières livraisons commencent cinq ans plus tard, en 1983.
La même année, est lancée la conception du TGA15 pour équiper l'avion de chasse suédois Gripen de Saab. Ce Groupe Auxiliaire de Puissance (APU) est capable de fournir de l'air comprimé pour démarrer le réacteur avant le décollage mais aussi de générer de la puissance électrique et hydraulique afin de vérifier les commandes de vol au sol.
Entre temps, au cours de l’année 1980, la famille TRI60 évolue au travers de projets de moteurs à quatre étages axiaux.
James Gaston Bayard cède Microturbo au groupe Labinal en 1985. L’entreprise devient ainsi un grand groupe international dont l’effectif continue d’augmenter jusqu’à plus de 600 personnes à la fin des années 1980.
Une entreprise en restructuration
En 1990, les activités et le personnel de l’ancien site de Sermel (« Micro 2 ») sont rapatriés sur le site du Pont de Rupé qui connait un agrandissement. L’effectif étant cependant jugé trop important par rapport au chiffre d’affaire de la société, deux plans sociaux (en 1991 puis en 1998) le réduisent à 398 personnes à la fin de la décennie.
1992 : L'APU Saphir 20/327 est sélectionné par Bombardier pour le Canadair CL415 qui effectue son premier vol l’année suivante.
1994 : Premier vol du missile de croisière Apache de MBDA, propulsé par le TRI60-30.
1995 : L’APU Rubis 3 a été conçu pour le conditionnement d'air au sol et pour le démarrage au sol et en vol des deux réacteurs M88 de l'avion de chasse français Rafale. Il leur fournit également une puissance électrique alternative de 6kVA au sol. La même année, l'APU Saphir 20/095 est sélectionnée par Eurocopter pour son hélicoptère Super Puma/Cougar (AS332/AS532).
1997 : Le TRI60-30 est choisi pour propulser les missiles de croisière Scalp EG et Storm Shadow de MBDA, tandis que son dérivé le TRI60-20 permet le premier vol de la cible américaine Super MQM de Raytheon.
1998 : Le TRI40 propulse le missile antinavire norvégien NSM (Naval Strike Missile) de KDA (Kongsberg Defence & Aerospace).
Innovation et croissance vers le marché civil
Avec le rachat de Labinal par Snecma en septembre 2000, Microturbo devient une filiale de Turbomeca, puis intègre en 2005 le groupe Safran, résultat de la fusion entre Snecma et Sagem.
2002 : Eurocopter sélectionne l’APU Saphir 100 pour équiper l’hélicoptère NH90 de NHIndustries dont le premier vol a eu lieu en 1995. L’APU Opale-3 et les systèmes de démarrage ATS-346 sont eux choisis par Alenia Aermacchi pour l'avion d'entrainement M346.
2004 : Microturbo entre sur le marché civil. Le système de démarrage ATS-337 est sélectionné pour le moteur SaM146 de PowerJet qui équipe l'avion de transport régional russe Superjet 100 de Sukhoï et le système de démarrage ATS-334 par Snecma pour son moteur TP400 pour l'A400.
2005 : Premier vol du missile antinavire NSM (Naval Strike Missile) de KDA (Kongsberg Defence & Aerospace), propulsé par le turboréacteur TR40 de Microturbo, qui est aussi choisi pour la propulsion du missile Exocet Block III de MBDA et dont le premier vol a lieu l’année suivante.
2006 : Le turboréacteur 1R60-5 est sélectionné pour propulser le missile RBS15 Mk3 de Saab Bofors Dynamics.
2007 : Lancement des projets e-APU destiné aux avions d’affaires de nouvelle génération, dit « plus électriques ». Ce nouvel APU est le précurseur d’une nouvelle famille qui permet à Microturbo de poursuivre sa diversification dans le domaine civil.
2008 : Premiers vols de l'avion pré-série M346 d'Alenia Aermacchi et du Superjet 100 de Sukhoï, dont les moteurs SaM146 sont équipés du système de démarrage ATS-337. La propulsion supersonique de la cible BQM167X de CEi est assurée le turboréacteur TR60-5.
2009 : Agusta Westland choisi l’e-APU pour son hélicoptère AW149, puis en 2011 pour l’AW189
2011 : Début de la coopération avec Hamilton Sundstrand sur les APU destinés aux avions d'affaires, notamment les Global 7000 et 8000 de Bombardier.
2016 : A l'occasion du changement de dénominations sociales des sociétés du Groupe Safran, Microturbo devient Safran Power Units.
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