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L'histoire de Safran Electrical & Power

Histoire

Safran Electrical & Power est aujourd’hui un leader mondial dans le domaine des systèmes de câblage électrique et des services associés sur les marchés de l’aviation, de l’espace et de la défense. Retour sur l’histoire de cette société qui débute dans les années 1920 avec un petit moteur pour bicyclette.

Présentation sur maquette d’un câblage électrique préfabriqué destiné à l'avion Mirage F1
Présentation sur maquette d’un câblage électrique préfabriqué destiné à l'avion Mirage F1

1921

Portrait de Jean Labinal, co-fondateur de la société Labinal

La création de Labinal

La société Labinal trouve son origine dans l’entreprise spécialisée dans les équipements de limousines fondée en 1906 par Jean Labinal et Urbain Verguet. Lorsque ce dernier meurt au front en 1915, Jean Labinal poursuit seul l’activité de la société.

Il s’associe en 1921 à Gustave Bessière pour créer les Etablissements Labinal. Dans la course à la motorisation qui suit la guerre, cette nouvelle société invente un micro-moteur adaptable à un grand nombre de bicyclettes : l'ancêtre du Solex voit le jour. La société se spécialise dans la distribution du courant électrique et dans la filtration des fluides. A partir de 1926, elle fournit tous les tableaux de bord et essuie-glaces de Renault. 



L'aéronautique évolue avec la guerre. Jusqu'alors, l'énergie nécessaire aux commandes de vol et aux freins était fournie par le pilote qui activait manche et pédalier ; les équipements étaient inexistants. Pendant la guerre, l'électricité apparaît sur les avions : elle réchauffe à la fois l'huile du moteur, le pilote et permet d'envoyer des signaux optiques. Au cours des années 1920, l'aéronautique prend son envol : invention du moteur à réaction et de la radionavigation, naissance de la Royal Air Force, création des premières lignes aériennes Paris-Londres, Londres-Le Caire et, en 1924, le premier tour du monde en avion.



Face à cette effervescence, un département aéronautique est créé au sein des Etablissements Labinal. A la fin des années 1930, l'entreprise compte environ 700 personnes.

 

Les années 1930

Six exemples d'avions et hydravions équipés par Labinal (1930)

L'aviation devient stratégique

Pour répondre aux besoins des avionneurs (Potez, Bombardier, Caudron…), les Etablissements Labinal conçoivent les premières génératrices électriques (machines tournantes), génératrices à courant continu et régulation électromécanique. Ils équipent aussi les tableaux de bord de sélecteurs, d'interrupteurs et de boîtes à bornes. Cependant, l'alimentation à bord reste faible et sert principalement aux postes de radio et aux radars.  A l'approche du deuxième conflit mondial, l'aviation devient stratégique. Les cadences de production s'accélèrent, les avionneurs font appel à leurs fournisseurs pour installer les équipements sur site. 



En 1936, le responsable du Service Extérieur de la société, Louis Dacheux, propose une innovation à Monsieur Potez : assembler les câbles en amont et livrer des harnais prêts à être posés. En effet, jusqu'alors, les « filasses » électriques sont tirées directement sur avion. Très encombrantes, elles gênent le travail des autres corps de métier. Labinal poursuit son développement : en 1939, l'entreprise emploie 1 400 personnes et est capable d'équiper à 100% le réseau électrique d'un avion. 



Durant la Seconde Guerre mondiale, Labinal s'installe en zone libre sur le site des abattoirs de Cantaranne, à côté de Rodez, dans l'Aveyron. L’usine de la société nouvellement créée Elma (Électromécanique de l'Aveyron) est réquisitionnée par l'Occupant, qui impose aux ouvriers de réparer de petits avions Heinkel. Aucun ne sortira de l'usine. A Toulouse, les employés de la SNCASO (Société nationale des Constructions aéronautiques du Sud-Ouest de la France) sont tout aussi patriotes : aucun des avions de transport de troupe commandés par l'Allemagne nazie ne sortira des chaînes. En 1943 et 1944, les deux fondateurs, Jean Labinal et Gustave Bessière disparaissent. Pierre Bessière, fils de Gustave, quitte alors son poste d'ingénieur dans une grande firme automobile et prend les rênes de l'entreprise.



A la Libération, Labinal produit des pièces pour Latécoère et des accessoires pour automobile : feux rouges et voyants en verre et métal, interrupteurs rotatifs en tôle, câblage.  

De l'après-guerre aux années 1970

Affiche Précision Mécanique Labinal avec la liste des différentes réalisations de la société

Avions et automobiles font route ensemble

Les besoins en énergie sur des aéronefs toujours plus grands augmentent : éclairage, dégivrage, chauffage, air conditionné, développement des instruments de communication, de pilotage et de navigation… En 1956, l'entreprise met au point le premier générateur à fréquence constante 400Hz : le vario-alternateur Labamatic. Cela permet de répondre aux besoins en alimentation constante propres aux appareils tels que les radars. 



Labinal n'a pas pour autant délaissé le marché de l'automobile. En 1958, l'entreprise fusionne avec La Précision Mécanique et devient Précision Mécanique Labinal (PML).   



En 1959, PML filialise la Société Générale d'Equipements (SGE), qui possède deux sites : l'un à Vire, dans le Calvados, l'autre à Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne. L'objectif est de renforcer les activités de câblage dans les domaines de l'aviation et de l'automobile. En 1960, PML ouvre l'usine de Manuval (Manufacture industrielle du Vallon), à Marcillac, ville natale de Pierre Bessière. C'est là que seront transférées les activités conservées par PML après la cession à Bosch de son département injection et de l'usine de Rodez. 



Dans les années 1960, le site de Saint-Ouen s'agrandit. Le savoir-faire de la société séduit les grands constructeurs français que sont SNCASO, Sud Aviation et l'Aérospatiale. Labinal équipe leurs meilleurs avions : la Caravelle, fleuron des avions commerciaux, le Fouga qui restera jusqu'en 1980 l'appareil de la Patrouille de France. Labinal est également sélectionné pour fabriquer les harnais du Jaguar, premier avion construit en coopération entre la France et la Grande Bretagne. L'entreprise ouvre un atelier de câblages électriques aéronautiques, à Villemur-sur-Tarn. Labinal compte alors 3 000 salariés. 



Le site de Saint-Ouen se lance dans le câblage aéronautique pour les Mirage III et IV de Dassault Aviation. C'est le début d'une collaboration d'exception. Parallèlement, la SGE met en service l'usine de Labastide-Saint-Pierre (Tarn-et-Garonne) destinée à la fabrication de câblages pour l'automobile. 



En 1971, l'activité de Labinal couvre les domaines de l'automobile, l'aérospatial et l'industrie. Labinal poursuit sa croissance : elle acquiert Sofrance (filtres aéronautiques) en 1973 et le fabricant de câblage aéronautique et électronique Gelbon en 1975. En 1976, le site de Saint-Ouen fabrique les cœurs électriques des Mirages F1, avions mythiques de l'armée française. Dassault Aviation fait également appel à Labinal pour travailler sur le Mercure. En 1977, PML rachète son principal concurrent, RKG.

Les usines Labinal dans les années 1960-1970
Bureau d’études au milieu des années 1960
DP006663_011 : Bureau d’études Labinal
DP006663_011 : Bureau d’études Labinal
© Espace Patrimoine Safran
Atelier de câblage préfabriqué au milieu des années 1960
DP006663_015 : atelier de câblage préfabriqué au milieu des années 1960
DP006663_015 : atelier de câblage préfabriqué au milieu des années 1960
© Espace Patrimoine Safran
Atelier de contrôle de fabrication des câblages pour avions dans les années 1970
DP006670_35 : Atelier de contrôle de fabrication des câblages pour avions
DP006670_35 : Atelier de contrôle de fabrication des câblages pour avions
© Espace Patrimoine Safran
Site de Saint-Ouen
1024LAB : Site de Saint-Ouen
1024LAB : Site de Saint-Ouen
© Espace Patrimoine Safran
Usine de Marcillac au début des années 1970
DP006669_11 : Usine de Marcillac au début des années 1970
DP006669_11 : Usine de Marcillac au début des années 1970
© Espace Patrimoine Safran
Les années 1980

Changement d'échelle pour Labinal

En 1980, Labinal lance la production de câblages pour l'Airbus A300 à Villemur. La société fait l'acquisition de Microturbo, spécialiste de la turbine aéronautique de petite puissance, et crée un bureau d'études aéronautiques à Toulouse.

Sous la bannière Labinal Aero & Defense Systems (LADS), elle ouvre des filiales aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. La collaboration avec Dassault Aviation bat son plein : en 1985, Labinal équipe le dernier-né des avions d'affaires, le Falcon 900, et en 1986, le nouveau démonstrateur Rafale A.

En 1987, Labinal devient actionnaire à 45% de la société Turbomeca fondée par Joseph Szydlowski en 1938. En 1989, la famille Szydlowski prend le contrôle du groupe Labinal en échange du reste des actions de Turbomeca. Le Groupe acquiert également les divisions Connecteurs Cinch et Moteurs Globe de TRW.

L'appel d'offre sur l'Airbus A320 est remporté en 1988 ; Labinal positionne PML comme un expert capable de gérer les nombreuses modifications de définition et les aléas d'un démarrage de programme. PML est retenue en 1989 pour le premier marché de sous-traitance globale des câblages Airbus France. PML est renommée Labinal et installe son nouveau siège à Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines. Cette même année, le fournisseur de ventilation Technofan est intégré aux activités Equipements aéronautiques de Labinal.

L’année 1991 est marquée par la sélection de Labinal par Dassault pour le câblage électrique du Falcon 2000. Labinal œuvre parallèlement sur le programme Rafale et pour la première fois, les bureaux d'études travaillent sur une maquette numérique. Le groupe Labinal fait l'acquisition de la filière Erca de Caso et crée Comecad, en y apportant son activité d'ingénierie. Les activités d'ingénierie de Labinal se développent rapidement. En 1997, le bureau d'études travaille sur son premier programme sur maquette numérique pour les Airbus A340-500 et A340-600.

Dans le secteur automobile, l'entreprise profite d'un double levier de croissance. D'un côté, l'achat des activités câblage des principaux constructeurs européens (Renault, Fiat et PSA), de l'autre la multiplication en équipements des véhicules qui impose des circuits électriques sophistiqués.

A partir de 1995

L'aventure mondiale

En 1995, la politique d'implantation aux Etats-Unis connaît un premier succès : Labinal est retenu par MacDonnell Douglas pour les câblages électriques du MD95, qui deviendra ensuite le Boeing B717. Labinal fait une nouvelle fois un choix stratégique. Airbus Allemagne souhaite externaliser son activité de câblage. L'avionneur vend en dollars et encourage ses fournisseurs à produire en zone dollars pour limiter le risque de change. Labinal propose alors de produire à la fois en France et au Mexique. Une fois l'appel d'offre remporté il rachète son concurrent mexicain Aerotec en 1998 qui deviendra Labinal Chihuahua. La même année, Labinal remporte son premier contrat avec Boeing, il porte sur les câblages du Boeing 767. Son premier site industriel aux Etats-Unis est également inauguré à Pryor dans l'Oklahoma. C’est le site pionner à partir duquel la société va développer toute une filière aux Etats-Unis.

2001 marque l'arrivée de Labinal au Maroc. Airbus et Boeing s'affrontent pour le renouvellement de la flotte de Royal Air Maroc. Boeing remporte le contrat. Pour développer une filière aéronautique dans le royaume, la RAM et le gouvernement marocain exigent qu'une partie des équipements de l'avion soient produits au Maroc. Boeing choisit Labinal comme fournisseur pour le câblage. Ce sera la création de MATIS Aerospace, Joint-Venture avec une participation égale de Labinal, Boeing et Royal Air Maroc. Quatre ans plus tard Labinal acquiert la société GESPAC Intégration, spécialisée dans le câblage aéronautique, automobile et ferroviaire. Labinal recentre l'entité sur l'aéronautique et ouvre ainsi sa deuxième usine au Maroc. En 2006, une nouvelle usine est construite à Ain Atiq et inaugurée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Maroc aura, dès lors, une place de choix dans l'organisation industrielle de Labinal.

A partir de 2002, Labinal participe à l'aventure de l'Airbus A380. Cet avion gigantesque embarque plus de 500 kilomètres de câbles et 80% des harnais sont fabriqués par Labinal. Dans la phase d'industrialisation qui commence en 2003, les sites Labinal à travers le monde sont sollicités sur ce projet. Labinal est également sélectionné par Airbus France pour les études, le développement, l'industrialisation, la fabrication et le test des harnais électriques pour la pointe avant et le poste de pilotage de l'avion militaire de transport A400M.

En 2003, Labinal gagne l'appel d'offres sur le Boeing 787 pour l'intégralité des câblages. Cet avion en composite représente un véritable défi pour les équipes : elles doivent régler les problèmes liés à l'accroche des harnais sur la structure et à la conductivité. Avec le programme 787, les activités d'études d'ingénierie et le site d'Everett, situé près de Seattle, et des chaînes d'assemblage final de l'avion, prennent leur essor ; Labinal rachète le site Boeing de Corinth au Texas, spécialisé dans le câblage, qui devient le siège de la société aux Etats-Unis. Les nouveaux contrats pour Boeing puis les nouveaux clients, Bell, Lockheed, Sikorsky, Hawker assurent son expansion jusqu'à ce jour.

En 2005, Dassault Falcon Jet Corp. sélectionne Labinal pour l'industrialisation, la production, l'installation et le support après-vente des harnais électriques commerciaux du Falcon F7X. Déjà présent sur tout le reste de la famille Falcon, Labinal ouvre un établissement à Little Rock, aux Etats- Unis, au plus près de la chaîne de Dassault, qui prend en charge l'aménagement intérieur de ses Falcon. Au fil du temps, les systèmes électriques se sont complexifiés et Labinal est devenu un maître d'œuvre du système d'interconnexion. En 2006, il crée avec le Groupe IGE-XAO une suite de logiciels permettant de gérer le cycle de vie des systèmes de câblage et d'assurer la gestion de configuration : Electrical Harness Manufacturing Software (EHMS).

En 2007, Labinal ouvre un centre de support chez Hawker Beechcraft à Wichita, Kansas, aux États-Unis. La société inaugure un nouveau bureau d'études à Chihuahua, au Mexique. En 2008, le siège social déménage à Blagnac, près de Toulouse, au cœur de la région aéronautique française et près de ses centres opérationnels.

En 2009, Sikorsky choisit pour la première fois Labinal pour la production des harnais électriques sur le programme hélicoptère UH-60M/MH-60R. Embraer fait également confiance à Labinal sur le Phenom 100.

Le rattachement au Groupe Safran

L'année 2000 marque le rachat de Labinal par le groupe Snecma. En 2005, la fusion de Snecma et Sagem donne naissance au groupe Safran, auquel est donc intégré Labinal.



En 2014, Labinal devient Labinal Power Systems, à la suite du rapprochement des activités électriques de Safran (Labinal, Safran Engineering Services, Safran Power et Technofan). Fin 2014, Labinal Power Systems change de statut juridique et devient une S.A.S.

En 2016, à l'occasion du changement de dénominations sociales des sociétés du Groupe Safran, Labinal devient Safran Electrical & Power.

Avions Breguet 19 (1921) en haut et Mercure (1971) en bas, équipé de matériel Labinal
En haut l'avion Breguet 19 (1921), en bas l'avion Mercure (1971) : tous les deux sont équipés de matériels produits par Labinal.