#GénérationPassion : Louise, doctorante primée lors d’un concours scientifique
Parle-nous de ton parcours…
Au début de mes études supérieures, je n’avais qu’une certitude : je voulais travailler dans l’industrie pour être dans le concret, au plus près de la matière. Je me suis donc dirigée vers une filière « Physique, technologie et sciences de l’ingénieur ». Ensuite, j’ai intégré l’ISAE ENSMA à Poitiers, une école d’ingénieurs généraliste avec une dominante aéronautique.
Le domaine aéronautique était une évidence pour toi ?
Au début, je ne savais pas encore vers quel secteur me diriger. Mais j’avais un collègue de prépa qui était passionné d’aéronautique, et qui a éveillé ma curiosité sur le sujet. L’application des sciences des matériaux à l’aéronautique m’a particulièrement intéressée. Je voulais savoir comment un avion volait… Aujourd’hui j’ai la réponse, et je ne suis vraiment pas déçue de m’être spécialisée dans l’aéro !
En 3ème année, j’ai eu l’opportunité de participer à un projet de recherche en collaboration avec Safran Aircraft Engines. J’avais trouvé ma voie : je voulais devenir ingénieure métallurgiste. Mais pour cela, il fallait avoir réalisé une thèse… J’ai donc sauté le pas !
Quel est le sujet de ta thèse ?
Ma thèse porte sur la recristallisation des matériaux métalliques monogranulaires.
Habituellement, les métaux sont composés de grains soudés les uns aux autres par des « joints de grain ». Problème : ces joints de grain réduisent les propriétés mécaniques des pièces. Pour s’en affranchir, certaines pièces sont réalisées en matériaux « monogranulaires », faits d’un seul grain. C’est un savoir-faire unique qui passe par des procédés de fonderie de pointe. Seulement, il arrive que certains grains résistent à ces traitements. C’est ce qu’on appelle la « recristallisation ». L’objectif de ma thèse est de comprendre ce qui génère la recristallisation afin de trouver comment éviter ce phénomène.
Quelles applications concrètes dans le monde aéronautique ?
Dans le cadre du développement des futurs programmes de Safran Aircraft Engines, nous cherchons à optimiser la performance des parties chaudes du moteur afin de gagner en puissance tout en contenant la taille et la consommation de carburant. L’usage des matériaux monogranulaires fait partie des solutions qui permettent d’atteindre cet objectif.
Un sujet qui t’a valu le 2e prix au concours SAMPE* France… Raconte-nous !
L’état d’esprit était très positif. Nous étions huit à présenter notre thèse devant les autres doctorants et l’ambiance était plus celle d’un temps de rencontre et d’échange que celle d’un concours. Cerise sur le gâteau, j’ai obtenu le 2ème prix ! C’était hyper gratifiant, car j’ai beaucoup travaillé sur mes présentations et mon discours, et le niveau des autres doctorants était très élevé ! J’ai donc été sélectionnée pour le concours SAMPE Europe qui a eu lieu à Belfast du 23 au 26 septembre, et qui a réuni une vingtaine de concurrents de toute l’Europe.
Comment s’est passé le concours Europe ?
J’ai retrouvé le même esprit très humain qu’au concours SAMPE France. On s’est tous rencontrés avant le concours, on a échangé sur nos travaux, nos expériences de thèse... En revanche, le plus difficile a été de présenter ma thèse en anglais, d’autant plus que je parlais à des anglais natifs !
Pendant les deux premières journées, nous avons présenté nos thèses aux autres étudiants et à un jury issu du monde industriel et académique… Le lendemain, les résultats sont tombés, et surprise : j’ai obtenu une « mention honorable » pour mon travail de thèse, juste derrière un autre français, qui avait également décroché le premier prix au concours SAMPE France ! Je suis plutôt fière de ce résultat, et contente d’avoir réussi à amener le jury dans mon monde avec ce sujet sur la métallurgie de pointe.
Tu en as profité pour visiter Belfast ?
Bien sûr ! D’autant que la conférence avait lieu dans le célèbre Musée Titanic. On a donc eu droit à une visite privée, c’était très intéressant. On a également eu l’occasion de découvrir quelques pubs avec de la musique live, autres lieux emblématiques du tourisme en Irlande !
Et maintenant, quelle est la prochaine étape ?
La prochaine étape sera de participer aux journées techniques du réseau SAMPE France qui auront lieu fin novembre. J’aurai à nouveau l’occasion de présenter ma thèse – en français cette fois-ci – et de visiter le site de Safran Nacelles du Havre !
En dehors du travail, quelle est ta passion ou ton hobby ?
J’aime bricoler depuis que je suis petite, et notamment « upcycler » des meubles, créer de nouveaux meubles à partir d’ancien matériel. La principale difficulté avec cette activité, c’est que ça demande du matériel et des outils, beaucoup d’outils ! Je constitue donc mon atelier petit à petit… Finalement, il y a un lien assez direct avec mon métier. Que ce soit à la maison avec un rabot ou au travail avec un microscope, ce qui me plait c’est d’être en lien avec la matière.
En savoir plus sur SAMPE
La SAMPE (Society for the Advancement of Material and Process Engineering) est une association internationale dont l’objectif est de resserrer les liens entre le monde académique et le monde industriel par le biais de forums et de publications divers à destination des scientifiques, ingénieurs et universitaires.
Chaque année, dans le cadre de ses « Students Conferences », elle organise un concours à l’échelle européenne centré sur les travaux de thèse portant sur les matériaux de structure (composites, métalliques ou céramiques) ainsi que leurs modes d’élaboration et de mise en œuvre.
- © Safran