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L’épopée Safran Aircraft Engines de 1945 à 2005

Histoire

Renommée Safran Aircraft Engines en 2016, la SNECMA résulte du regroupement de plusieurs entreprises aéronautiques privées dont les actions ont été transférées à l'Etat par ordonnance gouvernementale en mai 1945. Revenons sur son histoire avant la création de Safran.

Snecma, site d'Evry-Corbeil, atelier de montage CF6-50 (1976)

La réorganisation d’après-guerre

 Snecma, site de Villaroche, C450 Coléoptère

La nationalisation, le 29 mai 1945, de la Société des moteurs Gnome & Rhône, qui avait auparavant absorbé d’autres sociétés aéronautiques, donne naissance à la Société Nationale d'Etudes et de Construction de Moteurs d'Aviation (SNECMA.).

La société possède alors des usines à Paris (boulevard Kellermann), Gennevilliers (forges et fonderies), Argenteuil, Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Suresnes et Arnage.

A la sortie de la guerre, la SNECMA poursuit la production des moteurs à pistons développés par Gnome & Rhône. Cependant, ces programmes présentent un retard technique par rapport aux productions américaines et anglaises. Les difficultés financières et d’organisation de la production de la fin des années 1940 mènent à la fermeture des usines d’Argenteuil et d’Arnage. Toutes les activités non aéronautiques qui produisent à perte sont supprimées. 

En avril 1947, la SNECMA acquiert le terrain et les installations du site de Villaroche, libéré par l’aviation américaine. Le développement de ce centre d’essais en fait dans les années 1950, l’un des mieux équipés d’Europe.

Henri Desbruères, nommé président de la SNECMA en 1949 par le Ministère de l’Air, s’efforce de redresser l’entreprise. La production est regroupée dans trois usines, Kellermann, consacrée aux turbomachines, Billancourt, où sont fabriqués les moteurs à pistons, et Gennevilliers, qui héberge les forges et fonderies et la fabrication des motocyclettes. 

Comme les autres pays alliés après la Seconde Guerre mondiale, la France récupère des techniciens et ingénieurs allemands, notamment un groupe de chez BMW. Parmi eux, Hermann Oestrich participe à la modernisation de la SNECMA. En septembre 1945, il est nommé responsable de l'Atelier technique aéronautique de Rickenbach situé dans un premier temps à Lindau, en zone française, puis déplacé à Decize (Nièvre) en 1946. Cette unité conçoit les premiers turboréacteurs de la série ATAR qui équipent entre autre les Mirages de Dassault. La commercialisation de ces turboréacteurs au début des années 1950 marque le début d’un succès technique et commercial qui établit la SNECMA comme l’un des grands motoristes français.

Le dynamisme des bureaux d’études, encouragé par l’intérêt des états-majors pour les ADAV (aéronefs à décollage et atterrissage verticaux), donne naissance à deux projets marquants malgré leur courte existence : le C400 dit « ATAR volant » et le Coléoptère qui explorent les possibilités du vol vertical.

Les sites de la SNECMA
Snecma, site de Boulogne-Billancourt (1958)
147599WN: Snecma, site de Boulogne-Billancourt (1958)
147599WN: Snecma, site de Boulogne-Billancourt (1958)
© Espace Patrimoine Safran
Snecma, site de Billancourt, atelier traitements de surface (1976)
108135WN : Snecma, site de Billancourt, atelier traitements de surface (1976)
108135WN : Snecma, site de Billancourt, atelier traitements de surface (1976)
© Safran Heritage Centre
Snecma, site de Billancourt, atelier de montage pour moteur Pratt & Whitney JT9D (1976)
108162WN: Snecma, site de Billancourt, atelier de montage pour moteur Pratt & Whitney JT9D (1976)
108162WN: Snecma, site de Billancourt, atelier de montage pour moteur Pratt & Whitney JT9D (1976)
© Safran Heritage Centre
Snecma, site de Gennevilliers (1961)
29665WN: Snecma, site de Gennevilliers (1961)
29665WN: Snecma, site de Gennevilliers (1961)
© Safran Heritage Centre
Snecma, site de Gennevilliers (1977)
111094WN: Snecma, site de Gennevilliers (1977)
111094WN: Snecma, site de Gennevilliers (1977)
© Safran Heritage Centre
Snecma, site de Kellermann, atelier de montage ATAR 9K (1963)
28173WN: Snecma, site de Kellermann, atelier de montage ATAR 9K (1963)
28173WN: Snecma, site de Kellermann, atelier de montage ATAR 9K (1963)
© Espace Patrimoine Safran
Snecma, site de Villaroche, vue aérienne (1958)
23198WN: Snecma, site de Villaroche, vue aérienne (1958)
23198WN: Snecma, site de Villaroche, vue aérienne (1958)
© Espace Patrimoine Safran
Snecma, site de Villaroche, atelier (1965)
45752WN: Snecma, site de Villaroche, atelier (1965)
45752WN: Snecma, site de Villaroche, atelier (1965)
© Safran Heritage Centre
Snecma, site Evry-Corbeil (1971)
304509N: Snecma, site d'Evry-Corbeil (1971)
304509N: Snecma, site d'Evry-Corbeil (1971)
© Espace Patrimoine Safran

Le temps de la coopération internationale

Snecma, Une gamme compète de moteurs (affiche publicitaire 1970)

Les années 1960 voient le déménagement du siège social de la SNECMA du site parisien du boulevard Kellermann vers une nouvelle usine à Corbeil. En vingt ans, la société a réussi à se hisser au second rang en Europe, derrière Rolls-Royce et au quatrième rang mondial derrière General Electric et Pratt & Whitney.

Au milieu des années 1960, seuls les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS et la France possèdent la technologie des réacteurs de forte puissance. Les autres pays produisent des petits réacteurs ou fabriquent sous licence. Le développement des programmes devenant de plus en plus couteux, l’idée de partager les risques et les bénéfices pousse la SNECMA à rechercher des partenariats commerciaux et techniques qui vont au-delà du simple achat de licence de fabrication et de revente sur des productions nationales. 

En novembre 1962, Bristol Aero Engines (racheté par Rolls-Royce en 1966) et la SNECMA décident de financer à parts égales le développement du turboréacteur Olympus 593 qui doit équiper le Concorde, un avion de transport supersonique. D’autres équipements aéronautiques sont fournis par des sociétés qui formeront bientôt le Groupe Snecma : système de freinage à commande électrique de Messier, atterrisseur principal et régulateur de freinage d’Hispano-Suiza. Le premier prototype de l’Olympus 593 tourne au banc à Villaroche en novembre 1965, les essais en vol sur le Bombardier britannique Avro Vulcan ont lieu l’année suivante, et le premier vol du Concorde se produit en mars 1969 à Toulouse. Ce vol marque le début du développement de l'aviation civile pour la SNECMA.

General Electric et la SNECMA collaborent pour la première fois à partir de 1969. Avec l’entreprise allemande MTU (Motoren-und-Turbinen-Union), les deux sociétés produisent des pièces destinées au moteur CF6-50 qui équipe les Airbus A300. En janvier 1971, René Ravaud, directeur des programmes et des affaires industrielles pour le Ministère de la Défense depuis 1965, est nommé PDG de la SNECMA en remplacement de Jacques Lamy. Sous sa présidence, la coopération avec General Electric va se renforcer autour de la conception d’un nouveau moteur civil. C’est en 1974, que voit officielle le jour une société commune à 50/50 entre la SNECMA et General Electric, CFM International, afin de développer, produire et commercialiser le moteur CFM56. Cette coopération permet à la SNECMA de s’implanter dans le secteur civil. 

La réussite du CFM56 entraine une réorganisation, une modernisation des ateliers qui se spécialisent : l’usine de Gennevilliers, rénovée, confirme sa vocation de forge et fonderie. Corbeil devient l’usine de production et d’assemblage, tandis que Villaroche assure le montage final des moteurs et les essais.

Les moteurs chez SNECMA
Snecma, site de Kellermann, atelier de montage ATAR 9K (1957)
271237N: Snecma, site de Kellermann, atelier de montage ATAR 9K (1957)
271237N: Snecma, site de Kellermann, atelier de montage ATAR 9K (1957)
© Safran Heritage Centre
Snecma, Olympus 593 au banc d'essais de niveaux de bruit à Istres (1968)
61656WN: Snecma, Olympus 593 au banc d'essais de niveaux de bruit à Istres (1968)
61656WN: Snecma, Olympus 593 au banc d'essais de niveaux de bruit à Istres (1968)
© Safran Heritage Centre
 Snecma, site d'Evry-Corbeil, atelier de montage CF6-50 (1973)
42366LN: Snecma, site d'Evry-Corbeil, atelier de montage CF6-50 (1973)
42366LN: Snecma, site d'Evry-Corbeil, atelier de montage CF6-50 (1973)
© Espace Patrimoine Safran
Snecma, site de Villaroche, moteur CFM56 en atelier (1976)
110670WN : Snecma, site de Villaroche, moteur CFM56 en atelier (1976)
110670WN : Snecma, site de Villaroche, moteur CFM56 en atelier (1976)
© Safran Heritage Centre
Snecma, Mérignac, montage du moteur CFM56 sur le banc d'essai volant Caravelle (1977)
110943WN: Snecma, Mérignac, montage du moteur CFM56 sur le banc d'essai volant Caravelle (1977)
110943WN: Snecma, Mérignac, montage du moteur CFM56 sur le banc d'essai volant Caravelle (1977)
© Espace Patrimoine Safran
Snecma, site de Villaroche, moteur M88 au banc d'essais (1984)
155560WN: Snecma, site de Villaroche, moteur M88 au banc d'essais (1984)
155560WN: Snecma, site de Villaroche, moteur M88 au banc d'essais (1984)
© Safran Heritage Centre

La constitution d’un groupe industriel

SEP, site de Vernon, moteur Viking au banc d'essais

Entre 1967 et 1970, la SNECMA absorbe Turbomeca, Hispano-Suiza et Messier-Bugatti. La première concentre la production de moteurs d’hélicoptères, la seconde la production des transmissions de puissance et des inverseurs de poussée, et la troisième la production de trains d’atterrissage, de roues et de freins.

En 1969, la Société Européenne de Propulsion (SEP) est créée par le regroupement des activités de la Société d'Etude de la Propulsion par Réaction (SEPR), de la Division Engins Espace de la SNECMA, et de Nord-Aviation. Cette société de propulsion spatiale est chargée de la conception du nouveau lanceur européen Ariane dont le premier lancement a lieu en décembre 1979. La SNECMA devient actionnaire majoritaire de la SEP en 1984. En 1987, elle fournit les moteurs Viking (créés initialement par la SEP en 1973 pour les premières version d’Ariane) qui propulsent Ariane 4. Autre création de la SEP développée par SNECMA depuis 1988, le moteur Vulcain propulse quant à lui Ariane 5. La SEP est définitivement absorbée par Snecma en 1997 et le spatial devient une activité à part entière de l’entreprise jusqu’à la création d’ArianeGroup (société commune à 50/50 entre Safran et Airbus) en 2015.

Par la création de sa filiale Sochata-Snecma en 1975, la société propose à ses clients un service de réparation civile et militaire réparti sur les sites de Boulogne-Billancourt, Villaroche et Châtellerault.

Les années 1980 voient la naissance d’un nouveau programme militaire destiné à équiper les Rafale de Dassault Aviation : le moteur M88. Les essais au banc débutent en début d’année 1989, suivis l’année d’après des essais en vol.

Côté civil, Snecma participe à partir de 1989 au développement du moteur GE90 de General Electric. L’entreprise est responsable de la conception et de la fabrication de plusieurs modules, de l’ensemble des compresseurs, du système de régulation électronique FADEC, de la soufflante et de l’inverseur de poussée. Une forge spéciale est installée à Gennevilliers pour permettre la production d’aubes de très grandes dimensions, tandis que de nouveaux moyens de tests sont réalisés à Villaroche. En effet, aucun des 24 bancs d’essais du site n’a la taille suffisante pour accueillir ce moteur imposant.

Dans les années 1990, l’usine de Boulogne-Billancourt est fermée et ses activités sont transférées à Saint-Quentin-en-Yvelines ; les activités d’ELECMA, la division électronique de Snecma créée en 1957, sont transférées de l’usine de Suresnes à celle de Villaroche ; le site historique d’Hispano-Suiza localisé à Bois-Colombes est divisé entre les usines de Gennevilliers et de Colombes.

L’avènement de Safran

En 2000, une holding portant le nom de Groupe Snecma est créée pour gérer l’ensemble des participations de l’entreprise. Les activités de propulsion sont alors temporairement filialisées sous le nom de Snecma Moteurs. Le Groupe se renforce encore dans le secteur aéronautique avec l'acquisition de Labinal. L'année est également marquée par l'intégration d'Hurel-Dubois, qui permet à Snecma de structurer ses activités de production de nacelles de moteurs d'avion.

En 2005, le rapprochement de Snecma et Sagem donne naissance à Safran, groupe industriel spécialisé dans l'aéronautique, la défense et la sécurité. Onze ans plus tard, en 2016, toutes les sociétés du Groupe se rassemblent sous un seul logo et leurs dénominations sociales historiques évoluent pour intégrer la marque Safran dans leur nom. Snecma, qui avait repris son nom au moment de la fusion, devient alors Safran Aircraft Engines.